L'ex-colonie britannique traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions quasi quotidiennes, et des confrontations de plus en plus violentes entre forces de l'ordre et manifestants au visage masqué.
Et le gouvernement central chinois comme l'exécutif hongkongais qui lui est fidèle sont à la peine pour contenir la mobilisation.
Vendredi, la cheffe de l'exécutif Carrie Lam, qui concentre les foudres des manifestants, a invoqué des dispositions d'urgence (Emergency Ordinance Regulations) datant de 1922 pour interdire le port du masque.
"Nous pensons que la nouvelle loi aura un effet dissuasif sur les manifestants violents et émeutiers masqués, et assistera la police dans sa mission de maintien de l'ordre", a déclaré Mme Lam lors d'une conférence de presse.
Elle a tenu à préciser que l'utilisation de cette loi ne signifiait pas que son gouvernement avait déclaré l'état d'urgence sur le territoire semi-autonome.
"Bien que la loi contienne le mot +urgence+, Hong Kong n'est pas sous le régime de l'état d'urgence", a-t-elle dit.
Des milliers de manifestants
Devançant cette annonce qui avait fuité dans la presse, des milliers de Hongkongais avaient manifesté auparavant sur l'île de Hong Kong, en promettant de ne pas respecter l'interdiction.
Pour ne pas être identifiés et éviter les poursuites judiciaires, les manifestants ont depuis juin pris l'habitude de défiler avec des masques. Certains portent aussi des casques, des lunettes de protection ou des masques à gaz afin de se protéger des gaz lacrymogènes et des projectiles tirés par la police.
"Les jeunes risquent leurs vies, cela leur est égal d'être emprisonnés pour dix ans, donc ce n'est pas le fait de porter un masque qui leur posera problème", a prévenu vendredi après-midi à l'AFP un employé de 34 ans le visage couvert par un masque chirurgical.
La ville a connu mardi sa journée la plus violente depuis juin. Alors que la Chine populaire célébrait son 70ème anniversaire, Hong Kong a été le théâtre d'affrontements dans de nombreux quartiers qui ont considérablement éprouvé les capacités de maintien de l'ordre de la police.
Et pour la première fois, un manifestant a été blessé par un tir à balle réelle d'un policier dont l'unité avait été attaquée.
Depuis, des élus de la majorité (pro-Pékin) au Parlement de Hong Kong et des syndicats de police ont appelé l'exécutif à recourir aux pouvoirs d'urgence.
La loi de 1922 autorise l'exécutif à prendre "n'importe quelle mesure", sans feu vert du corps législatif, dans l'éventualité d'une situation d'urgence ou d'un danger pour la population.
"Rubicon"
Pendant les émeutes de 1967 -un mouvement social qui dégénéra pendant sept mois en batailles de rue entre forces de l'ordre et militants gauchistes- la Grande-Bretagne utilisa ce texte loi pour élargir les pouvoirs d'arrestation de la police mais aussi pour censurer très largement les médias.
La majorité juge les pouvoirs d'urgence nécessaires face à une frange radicale de plus en plus violente.
Mais l'opposition estime que permettre ainsi à Mme Lam de court-circuiter le contrôle parlementaire engagerait le territoire sur une pente glissante, d'autant que Hong Kong a assis sa réputation de centre financier mondial sur le respect de l'Etat de droit et l'indépendance de la justice.
"C'est un moment critique. C'est le Rubicon", a déclaré à l'AFP Claudia Mo, une élue pro-démocratie. "Et je m'inquiète du risque que cela ne soit juste que le début. Il se peut que d'autres mesures drastiques prises au nom de la loi soient en préparation."
Une telle interdiction, qui entre immédiatement en vigueur selon Mme Lam, pourrait peut-être dissuader les plus modérés de manifester, avance Simon Young, professeur de droit à l'Université de Hong Kong.
"Mais elle pourrait aussi avoir l'effet inverse et pousser davantage de monde à manifester contre le sentiment d'un abus d'autorité", a-t-il dit.
Vendredi, l'opérateur du métro hongkongais a annoncé que 83 des 91 stations du réseau avaient été la cible d'actes de vandalisme ces derniers mois, notamment la dégradation des tourniquets permettant d'accéder aux quais.
Les manifestants accusent cette entreprise cruciale pour le fonctionnement de Hong Kong de prêter son concours à la répression du mouvement pro-démocratie en fermant certaines stations avant les manifestations.
Interrogé sur l'enlisement de cette crise, le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad a estimé que Mme Lam devait "démissionner", et dit s'attendre à une reprise en main musclée de Pékin, évoquant la répression des manifestations pro-démocratie sur la place Tiananmen à Pékin en 1989.
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Extraditions: Hong Kong maintient son projet de loi controversé malgré la manifestation
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