L'enquête menée par les démocrates est entrée dans le vif du sujet jeudi, avec la longue audition à huis clos d'un premier témoin clé au Congrès.
Le président américain est sous la menace d'une mise en accusation ("impeachment") parce qu'il a demandé à son homologue ukrainien de l'aider à rassembler des informations compromettantes sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020.
Martelant que son échange avec Volodymyr Zelensky était "parfait", Donald Trump a franchi un nouveau cap jeudi en déclarant qu'il pourrait "assurément" formuler la même demande auprès du président chinois.
Le milliardaire républicain répète à l'envi que Joe Biden et son fils Hunter ont "arnaqué la Chine et l'Ukraine".
"La Chine devrait lancer une enquête sur les Biden parce que ce qui s'est passé en Chine est tout aussi grave que ce qui s'est passé en Ukraine", a-t-il insisté jeudi.
"Monsieur le président, vous ne pouvez pas extorquer des gouvernements étrangers pour vous aider à être réélu", a réagi le premier intéressé, Joe Biden, sur Twitter. "Je sais que vous voulez truquer la primaire (démocrate, ndlr) et choisir votre rival, mais je ne vais ne vais pas bouger d'ici", a poursuivi l'ancien vice-président américain.
Ulcéré par une procédure qui, même si elle a peu de chances d'aboutir à sa destitution pour cause de majorité républicaine au Sénat, jette une ombre sur sa campagne de réélection, Donald Trump est embarqué dans une surenchère verbale, dénonçant les "conneries" des démocrates et même un "coup d'Etat".
Les derniers sondages montrent un soutien en hausse des Américains à cette procédure de destitution. Mais aussi que ses nombreux tweets, messages et spots publicitaires contre M. Biden semblent avoir un impact: 41% des personnes interrogées veulent qu'on étudie de plus près les liens des Biden avec l'Ukraine, selon USA Today jeudi.
Giuliani en enquêteur
Hunter Biden, avocat et financier, a siégé au comité de surveillance d'un groupe gazier ukrainien et a investi en Chine quand son père était vice-président de Barack Obama.
Il n'a jamais été inquiété par la justice de ces pays. Mais pour Donald Trump et son entourage, Hunter Biden a profité de la position de son père pour s'enrichir. De plus, accusent-ils, Joe Biden a réclamé la tête d'un procureur ukrainien pour protéger son fils.
En 2015, l'ancien vice-président a bien demandé le limogeage du procureur général ukrainien, mais dans le cadre d'une campagne internationale de lutte contre la corruption, lancée parce que ce responsable était soupçonné d'entraver les réformes.
Il y a quelques mois, l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, a entamé des démarches auprès des autorités ukrainiennes pour tenter de les convaincre d'ouvrir une enquête sur les Biden.
Et dans un entretien téléphonique fin juillet, Donald Trump avait demandé au président ukrainien de "se pencher" sur le dossier et d'en discuter avec son avocat.
C'est cet appel, rendu public après le signalement d'un mystérieux lanceur d'alerte, qui lui vaut aujourd'hui d'être menacé par une procédure de destitution.
Les démocrates estiment que le locataire de la Maison Blanche a abusé de son pouvoir à des fins électorales personnelles.
- Longue audition -
Dans le cadre de leur enquête, ils ont convoqué jeudi matin à la Chambre des représentants Kurt Volker, qui fut envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Ukraine jusqu'à sa démission vendredi, peu après la publication de cette convocation. L'audition devrait durer jusque tard dans l'après-midi, ont indiqué des parlementaires.
Un élu républicain, Lee Zeldin, a affirmé que son témoignage contredisait l'idée que Donald Trump avait menacé de suspendre une aide militaire en échange de l'aide ukrainienne. Les démocrates ne s'étaient auparavant pas exprimés publiquement sur le contenu après quelque sept heures de réunion.
Selon le rapport du lanceur d'alerte, M. Volker s'est rendu à Kiev le lendemain de l'appel entre MM. Trump et Zelensky afin de "donner des conseils aux autorités ukrainiennes sur la manière de +composer+ avec les demandes du président".
Avant cet échange, il leur avait déjà parlé des moyens de "répondre aux messages différents qu'ils recevaient par les canaux officiels américains et M. Guiliani".
De l'aveu du département d'Etat, M. Volker a également aidé à organiser une rencontre entre Rudy Giuliani et un membre de l'entourage de M. Zelensky.
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