1,2,3 Souriez ! Les 120 députés de la Knesset doivent prêter serment et faire les photos d'usage jeudi à partir de 16H00 (13H00 GMT) à Jérusalem, mais le coeur risque de ne pas y être car le pays reste embourbé dans une crise politique que les élections n'ont pas réussi à résoudre.
Benjamin Netanyahu et son rival Benny Gantz ont récolté respectivement les soutiens de 55 et 54 élus pour diriger le prochain gouvernement, mais sans atteindre le seuil de 61 députés leur permettant de former un gouvernement majoritaire.
Le président Reuven Rivlin a mandaté M. Netanyahu, qui cherche à prolonger son règne, déjà le plus long de l'histoire d'Israël, pour tenter de rallier M. Gantz dans un gouvernement d'union.
Mais les pourparlers entre le Likoud et Kahol Lavan ("Bleu-blanc"), les deux partis arrivés en tête des législatives, étaient au point mort cette semaine, MM. Netanyahu et Gantz voulant chacun être le premier à diriger, en rotation, un éventuel gouvernement d'union.
Le Premier ministre s'est donc tourné vers un autre homme, Avigdor Lieberman, son ancien ministre de la Défense qui s'est rebellé contre lui l'an dernier.
Chef du parti nationaliste laïc Israel Beiteinou, M. Lieberman est hostile aux formations juives ultra-orthodoxes, alliées du Likoud de M. Netanyahu, et à des élus arabes associés à Bleu-blanc de M. Gantz.
"Il n'y a pas de temps à perdre pour le pays. Rencontrons-nous, regardons si ça peut mener à quelque chose de sérieux et prenons ensuite des décisions", a déclaré mercredi soir M. Netanyahu à l'endroit de M. Lieberman.
M. Lieberman, dont la formation compte huit députés qui pourraient faire pencher la balance, a accepté de rencontrer jeudi M. Netanyahu en matinée à Jérusalem.
L'affaire Bezeq
Mais les espoirs d'un accord entre les deux partis semblent bien minces, M. Lieberman plaidant encore mercredi soir pour un gouvernement d'union avec le Likoud et Bleu-blanc, excluant ainsi notamment les partis ultra-orthodoxes et arabes.
Au jour 1 du nouveau Parlement, les partis arabes, qui se sont imposés comme la troisième force politique d'Israël avec un total de 13 sièges lors des dernières élections, brilleront d'ailleurs par leur absence.
Plutôt que de faire les salamaleks à la Knesset, ces députés rejoindront une marche près de Nazareth, plus grande ville arabe d'Israël, pour dénoncer la violence endémique qui touche la minorité arabe israélienne et le manque de soutien des autorités pour y mettre fin.
Pendant ce temps au ministère de la Justice, le procureur général Avichaï Mandelblit doit poursuivre l'audition des avocats de Benjamin Netanyahu dans "l'affaire Bezeq", aussi appelée "affaire 4000".
Au cours des derniers mois, le procureur avait manifesté son intention d'inculper le Premier ministre dans une série d'affaires pour "corruption", "abus de confiance" et "malversation".
D'où l'importance pour M. Netanyahu de rester au pouvoir et de se présenter en position de force devant la justice, ou d'obtenir une immunité du Parlement en cas d'inculpation formelle.
Le procureur a commencé mercredi à auditionner les avocats de M. Netanyahu dans "l'affaire Bezeq", la plus sensible actuellement pour le Premier ministre qui joue sa survie politique.
Dans ce dossier, M. Netanyahu est soupçonné d'avoir accordé des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars au patron du géant israélien des télécoms Bezeq, en échange d'une couverture médiatique favorable de la part du site Walla, un média du groupe.
"Au final, il ne restera rien" des allégations contre le Premier ministre, a assuré Yossi Ashkenazi, un des avocats de M. Netanyahu, au terme de la première journée d'audition qui s'est étirée sur onze heures.
Dans les semaines suivant l'audition, qui doit se terminer lundi, le procureur général doit décider s'il inculpe ou non Benjamin Netanyahu. La question demeure : ce dernier sera-t-il alors toujours Premier ministre?
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