Il aura donc fallu attendre 6 jours de compétition pour voir les Tricolores ouvrir leur compteur. Le spectre du zéro pointé qui les guettait après les déconvenues successives de leurs leaders s'est donc éloigné pour de bon et les Français ne subiront pas l'humiliation de revenir à la maison sans aucune breloque, comme en 1983 (Helsinki) et 1993 (Stuttgart). Une véritable bouffée d'oxygène pour un pays qui restait sur deux excellents résultats aux Jeux Olympiques 2016 (6 podiums) et aux Championnats du monde 2017 (5) et voulait surtout s'éviter un terrible retour en arrière.
En attendant le recordman du monde Kevin Mayer, 3e du décathlon à l'issue des cinq premières épreuves (4483 points), la délivrance est d'abord venue de Bigot (78,19 m), dauphin du monstre polonais Pawel Fajdek (80,50 m), désormais quadruple vainqueur aux Mondiaux.
Pour le Lorrain, il s'agit d'une réhabilitation en bonne et due forme. Banni durant deux ans après un contrôle positif à un anabolisant en 2014 à seulement 21 ans, Bigot a vécu l'opprobre et la solitude propres aux bannis alors qu'il était l'un des plus sûrs espoirs de l'athlétisme français après un titre européen juniors en 2011.
Le protégé de Pierre-Jean Vazel n'a pas oublié le temps où il mangeait seul au restaurant des athlètes à son retour chez les Bleus. Mais le solide gaillard (1,77 m, 90 kg), conducteur de trains au civil, a su se reconstruire en s'épanouissant professionnellement dans sa grande passion.
Revanche
Aux portes du podium en 2017 à Londres aux Championnats du monde, il avait connu une énorme désillusion en 2018 en échouant en qualifications à l'Euro de Berlin où il était arrivé diminué physiquement. Mais cette saison, l'heure de la revanche a enfin sonné pour celui qui aimerait s'engager dans la prévention contre le dopage en utilisant son expérience.
Si la performance de Bigot était quelque peu inattendue, celle de Pascal Martinot-Lagarde l'était beaucoup moins. Quelques minutes à peine après le lanceur de Hayange, le hurdleur a ajouté une 2e médaille dans la corbeille de la France au terme d'une course à l'arrachée dont il a le secret et remportée par la nouvelle pépite US sur les haies Grant Holloway (13 sec 10). Si le grand favori Omar McLeod, champion olympique et du monde, s'est planté dans les grandes largeurs (disqualifié), Martinot-Lagarde a su au contraire parfaitement tenir son rang, au contraire de nombre de ses coéquipiers, si décevants au Qatar.
Médaillé d'or européen en 2018 à Berlin, PML, 3e en 13 sec 18, a de nouveau prouvé qu'il était un homme des grands championnats en s'invitant parmi les trois meilleurs spécialistes de la planète juste derrière le Russe Sergey Shubenkov (2e en 13 sec 15). Il y avait pourtant du lourd en finale mais le détenteur du record de France (12 sec 95) était en mode guerrier.
Après avoir réalisé son meilleur chrono depuis septembre 2016 en demi-finales (13 sec 12), Martinot-Lagarde (28 ans), malgré un très mauvais départ, n'a jamais lâché prise pour arracher son premier podium mondial. Le Français a toutefois attendu quelques secondes avant d'avoir la confirmation de sa présence sur la boîte et d'exploser de joie en tombant dans les bras de Shubenkov, champion du monde 2015, celui qu'il avait grillé de justesse sur la ligne à Berlin l'an dernier. Il n'a pu ensuite s'empêcher de verser de grosses larmes après avoir livré un énorme combat. Epilogue d'une soirée enfin parfaite pour les Bleus.
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