Chaque jour, 1 000 euros de perte. C'est le chiffre avancé par Frédéric Dutot, à la tête de la ferme du Chapon à Bois-Guillaume (Seine-Maritime). Depuis l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, jeudi 26 septembre 2019, il continue à recueillir le lait de ses 95 vaches, mais celui-ci ne peut être consommé, par mesure de précaution. Impossible à vendre, c'est donc 2 500 litres de lait qui, chaque jour, finit dans les évacuations. La commune de Bois-Guillaume, comme 111 autres villes et villages en Seine-Maritime, est touchée par un arrêté préfectoral ordonnant la consignation des productions agricoles, "en raison de la suspicion de contamination" liée aux retombées du panache de fumées de l'incendie.
Puiser dans les stocks
Autre conséquence : les vaches sont maintenues à l'intérieur et ne peuvent plus aller pâturer. "On donne de l'alimentation qui était prévue pour l'hiver car les vaches pâturent plutôt jusqu'au 15 novembre", explique Frédéric Dutot. L'éleveur doit puiser dans son stock de maïs, alors que "nous venons de subir une année de sécheresse avec donc moins de stock d'avance". Autant de difficultés pour les trésoreries des agriculteurs qui indiquent pouvoir tenir une quinzaine de jours dans cette situation.
Les agriculteurs de l'agglomération rouennaise sont inquiets des conséquences de l'incendie de Lubrizol sur leur activité et sur l'image des productions locales auprès des consommateurs. - Amaury Tremblay
Pour les aider, le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, a annoncé lors de sa venue à Rouen lundi 30 septembre, une indemnisation "à la hauteur des pertes". "Les agriculteurs touchés par cette pollution sont des victimes", a-t-il lancé. Il s'agira, pour l'instant, d'une avance de trésoreries dont le montant sera déterminé, par la Chambre d'agriculture, pour chaque exploitant. "Nous ferons en sorte que les indemnisations arrivent très vite", poursuit le ministre qui n'avance pas encore de date pour les premiers versements.
Principe de pollueur-payeur
Le Fond de mutualisation du risque sanitaire et environnemental sera mobilisé pour indemniser les agriculteurs, en attendant les résultats de l'enquête sur l'incendie de Lubrizol. "L'État va jouer son rôle, mais à un moment donné, l'entité qui est à l'origine de la pollution sera responsable et payera", détaille Didier Guillaume en rappelant le principe du "pollueur-payeur".
La vente des différentes productions ne pourra reprendre qu'une fois le résultat des analyses sanitaires connu. Certaines des mesures d'interdiction de commercialisation pourraient "être levées", espère le ministre. En attendant, sur les marchés, les clients s'adaptent, tout comme dans les cantines scolaires. "Des changements dans les futurs menus pour toute denrée concernée par les restrictions vont être effectués", explique la Ville de Rouen, alors que la cuisine centrale, qui fournit également la ville de Bois-Guillaume, se fournit principalement localement. Cinq producteurs se situent dans la zone de l'arrêté préfectoral.
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Le reportage d'Amaury Tremblay
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