La victoire face à l'Argentine en ouverture à Tokyo (23-21) semble loin. Depuis, les Bleus ont mis le cap quelque 1.000 kilomètres plus au sud, sur l'île de Kyushu, pour un enchaînement de deux rencontres en quatre jours, puisqu'après les Américains à Fukuoka ils défieront les Tongiens dimanche à Kumamoto.
Viendront ensuite, le 12 octobre à Yokohama, à côté de Tokyo, les Anglais. Un programme condensé qui "inquiète" le sélectionneur Jacques Brunel.
"La poule, le calendrier font que le contexte est compliqué pour nous. On a peut-être l'équipe qui a le calendrier le moins facile: trois matches en dix jours contre des adversaires pas faciles. On a tâché de s'y préparer. Maintenant, il n'y a +plus qu'à+" ajoute le Gersois, qui se demande: "comment on va sortir de cette série si on est qualifiés?"
Il s'agit en effet du but, après s'être ouvert la porte des quarts face aux Pumas. Le calcul est simple, avant de retrouver le XV de la Rose: deux victoires (avec un point de bonus offensif), et les Bleus seront qualifiés si l'Argentine ne bat pas l'Angleterre, samedi.
"Humilité"
Les "trois-dix" débutent donc mercredi face aux Etats-Unis, pays du fordisme, principe d'organisation du travail mis en oeuvre au début du XXe siècle par Henry Ford, fondateur de la marque d'automobile éponyme.
Contre les "Eagles", étouffés par les Anglais en ouverture (45-7), les Bleus devront se montrer productifs pour assortir leur victoire, impérative, d'un point de bonus offensif fortement recommandé.
Arrêtons la chaîne de production: c'est aller un peu vite en besogne pour le sélectionneur et Yoann Huget. "On ne peut pas avoir un manque d'humilité en se disant qu'on va prendre les cinq points. Il faut avoir de l'ambition, mais d'abord construire le match en première mi-temps", tempère ainsi l'ailier.
Le passé plus ou moins récent du XV de France est en effet jalonné de victoires arrachées au forceps ou de défaites infamantes face à des équipes inférieures sur le papier. Maxime Médard pourrait ainsi rappeler à ses équipiers l'exemple du Mondial-2011, où les Bleus avaient trébuché - finalement sans conséquences - en poules face aux... Tonga (19-14).
"Lourd passé"
Pas besoin, selon Huget, qui pense ce millésime 2019 à l'abri de tout risque de suffisance. Après être passé à une pénalité, manquée par l'Argentin Emiliano Boffelli, de perdre un match d'ouverture capital, avoir connu tant de désillusions ces dernières années et regardé, à la télé, les surprises créées la semaine dernière par l'Uruguay face aux Fidji et le Japon contre l'Irlande.
"Je ne pense pas, sincèrement (qu'un risque de décompression existe) avec tous les matches qui nous ont mis en alerte, le Japon, l'Uruguay. J'espère que l'équipe a pris conscience qu'il n'y avait pas de petites équipes. On a un lourd passé, il y a un peu moins d'un an, on perdait contre les Fidji", 21-14 en novembre 2018, estime ainsi l'ailier.
Le Toulousain est l'un des trois seuls joueurs à conserver sa place dans le XV de départ, avec le centre Gaël Fickou et Arthur Iturria, repositionné de deuxième à troisième ligne.
Brunel a justifié ce large remaniement par la proximité du rendez-vous face aux Tonga, pour lequel il a donc gardé ses forces vives au chaud ou sur le banc. Dont Guilhem Guirado, remplacé dans son rôle de capitaine par le N.8 Louis Picamoles, qui le découvrira en bleu.
Avec l'idée que ces remplaçants de luxe gardent un maximum d'influx pour les rencontres face aux Tonga puis à l'Angleterre. Pour cela, aux "coiffeurs" de jouer, débarrassés de la menace typhon, en rendant facile le premier de ces trois travaux d'Hercule.
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