"Nous avons le plus grand nombre de voix dans cette élection", a dit M. Abdullah lors d'une conférence de presse, en affirmant qu'"il n'y aura pas de deuxième tour".
La Commission électorale indépendante (IEC), qui n'a pas encore publié le chiffre de la participation au premier tour, a vivement réagi.
"Aucun candidat n'a le droit de se proclamer vainqueur. Selon la loi, c'est l'IEC qui décide qui est le vainqueur", a commenté à la télévision un de ses responsables, Habib Rahman Nang.
La déclaration de M. Abdullah, dont c'est la troisième participation à une élection présidentielle, est lourde de risques. Il déclare avoir remporté le scrutin alors que les chiffres de participation ne sont pas encore connus et que les résultats préliminaires ne seront pas annoncés avant le 19 octobre et les définitifs le 7 novembre.
Coïncidence ou prémonition, au moment même où M. Abdullah s'exprimait, Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne, indiquait dans un communiqué "souhaiter des candidats qu'ils exercent leur retenue, et attendent les résultats préliminaires et finaux" de la commission.
Dimanche, le co-listier du président Ghani, Amrullah Saleh, avait lui aussi paru revendiquer la victoire, en déclarant à la radio publique américaine Voix de l'Amérique que "selon nos informations, 60 à 70% des gens ont voté pour notre équipe".
Abdullah Abdullah et le président Ashraf Ghani sont les deux favoris, sur 18 candidats, de cette élection. C'est la quatrième présidentielle à se tenir depuis que les talibans ont été chassés du pouvoir en 2001.
Le scrutin s'est tenu sans gros incidents mais avec un grand nombre de petites attaques des insurgés.
Faible participation
Les craintes sur la sécurité et d'éventuelles fraudes ont contribué, -avec la désillusion de bon nombre d'électeurs à l'égard de la classe politique-, à une faible participation, attendue sous les 30%.
En revanche, des observateurs indépendants ont souligné que le scrutin s'était déroulé dans de meilleures conditions de transparence et d'efficacité que les précédents.
Abdullah Abdullah avait contesté les résultats de l'élection de 2014, qui avait été entachée de graves irrégularités et avait débouché sur une crise constitutionnelle. Suite à une intervention de Washington, il s'était au bout du compte vu attribuer un poste de chef de l'exécutif, sous l'autorité de M. Ghani.
Le responsable de la commission électorale a rappelé lundi que "l'IEC annoncera d'abord les résultats préliminaires (le 19 octobre), puis la commission des plaintes examinera celles qui sont présentées et les résultats finaux seront annoncés (le 7 novembre, NDLR) par l'IEC après traitement de ces plaintes".
Dimanche, l'ambassade américaine à Kaboul avait, sur son compte Twitter, enjoint à tout le monde d'"attendre patiemment les résultats, soumis à vérification". Elle a aussi appelé "toutes les parties à respecter leur engagement au code de conduite" de l'élection.
Ce dernier oblige les candidats à accepter les résultats certifiés de l'élection et, entre autres, à enregistrer ses plaintes auprès des autorités ad hoc.
M. Abdullah a fait état lundi de "rapports selon lesquels des responsables du gouvernement se sont ingérés directement dans le processus électoral", en ajoutant qu'"ils seront poursuivis".
D'autres candidats, comme l'ancien chef de guerre Gulbudin Hekmatyar, ont aussi dénoncé des irrégularités, mais sans apporter de détails.
Un des enjeux du scrutin est de procurer au futur chef de l'Etat une légitimité suffisante pour espérer devenir un interlocuteur incontournable dans d'éventuelles négociations de paix avec les talibans.
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