L'ancienne colonie britannique traverse depuis début juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997, avec des actions et rassemblements quasi quotidiens.
Les affrontements de dimanche ont été les plus violents de ces dernières semaines: durant des heures, à divers endroits, la police a fait usage de gaz lacrymogène, balles en caoutchouc et canons à eau, contre des manifestants qui jetaient des pierres et des cocktails Molotov.
Les heurts ont notamment eu lieu dans le quartier de Causeway Bay, réputé pour ses boutiques de luxe, où les manifestants s'étaient donné rendez-vous via des messageries cryptées.
Ces affrontements ont éclaté après que des manifestants en colère ont encerclé et chahuté les forces de l'ordre qui procédaient à des fouilles et des interpellations.
Ces tirs de gaz lacrymogènes n'ont pas découragé les manifestants qui ont défilé par milliers dans les rues de Causeway Bay. De leur côté, des militants radicaux ont vandalisé des stations de métro et arraché des banderoles déployées pour célébrer le 70e anniversaire du régime communiste chinois et mis le feu à des barricades improvisées.
De nombreux manifestants tenaient des drapeaux sur lesquels était écrit "chinazis" et les étoiles du drapeau chinois étaient disposées en forme de croix gammée.
La police a procédé à de multiples arrestations tout au long de la journée. Un journaliste de l'AFP a vu des hommes masqués battre, de façon répétée, avec de longs bâtons des manifestants pro-démocratie dans le district de Wanchai.
Il n'était pas possible d'établir s'il s'agissait de policiers déguisés en manifestants, une méthode de plus en plus utilisée par les forces de l'ordre.
Un journaliste a également été soigné par des médecins volontaires après avoir été touché au visage par un projectile lancé par la police. Par ailleurs, au moins deux hommes ont été attaqués par des militants pro-démocratie et un taxi a été saccagé.
Au moins 13 personnes ont été hospitalisées, dont une dans un état sérieux, selon les autorités médicales.
"Nous gagnerons"
Un étudiant de 20 ans, qui se fait appeler Tony, agitait un drapeau ukrainien. Beaucoup des manifestants se sont inspirés de la révolte ukrainienne de 2014 qui a renversé un président pro-russe.
"Nous espérons que si nous nous connectons aux différentes parties du monde et luttons contre le communisme chinois, nous gagnerons ce mouvement", a-t-il déclaré à l'AFP.
Samedi, des groupuscules radicalisés avaient lancé des cocktails Molotov et des briques en direction de la police qui a riposté avec des canons à eau, des gaz lacrymogène et au poivre.
Des milliers de personnes s'étaient auparavant rassemblées dans un parc devant le Parlement, où avait débuté, le 28 septembre 2014, le "Mouvement des Parapluies", une occupation pacifique du coeur financier et politique de la mégapole qui avait duré 79 jours.
De nouvelles actions sont prévues lundi et mardi, jour où la Chine populaire célèbrera le 70e anniversaire de sa fondation après la prise du pouvoir des communistes à l'issue d'une guerre civile en 1949.
Pékin redoute qu'elles ne viennent gâcher cette fête, qui sera notamment marquée par un grand défilé militaire, censée illustrer le décollage d'un pays devenu en quelques décennies la deuxième puissance économique mondiale.
Dimanche, des milliers de personnes se sont rassemblées à Sydney et Taipei à l'appel des militants pro-démocratie qui ont qualifié cette mobilisation de "journée contre le totalitarisme". D'autres rassemblements étaient prévus en Europe et en Amérique du Nord.
Des appels ont été lancés à la grève des cours lundi, et à manifester mardi.
La police n'a autorisé aucun rassemblement de manifestants pro-démocratie le 1er octobre. Mais ces derniers ont maintes fois bravé de tels interdits.
La contestation est partie en juin du rejet d'un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine.
La cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam l'a abandonné début septembre. Mais ce recul a été jugé beaucoup trop tardif par les manifestants qui exigent désormais des réformes démocratiques.
Cette mobilisation se veut aussi une dénonciation des ingérences de plus en plus fortes de Pékin dans les affaires de sa région semi-autonome, en violation, selon les manifestants, du fameux principe "Un pays, deux systèmes" ayant présidé à la rétrocession à la Chine de la colonie britannique en 1997.
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