Dans une chorégraphie qui fleure bon les spectacles de la "Révolution culturelle", une troupe d'acrobates en uniforme militaire agite fusils et drapeaux rouges pour une évocation de la prise de Shanghai par les communistes en 1949.
Ces scènes d'acrobatie se passent dans un théâtre de la capitale économique chinoise à l'approche des célébrations, le 1er octobre, des sept décennies de pouvoir du Parti communiste chinois (PCC).
"Le pays et le Shanghai d'aujourd'hui ne sont pas devenus ce qu'ils sont par hasard. C'est le résultat d'un combat", confie à l'AFP Wang Huaifu, acteur principal du spectacle baptisé "La bataille de Shanghai".
Agé de 35 ans, Wang Huaifu n'a bien sûr pas connu la guerre civile qui a porté les communistes au pouvoir en 1949. Mais les producteurs du spectacle ont emmené la troupe visiter des cimetières où sont enterrés des "héros" de la lutte contre l'armée rivale nationaliste.
La leçon a porté et l'acrobate se réjouit d'avance de fêter sur scène l'anniversaire de la République populaire.
"Je souhaite répandre l'énergie positive autour de moi pour être à la hauteur du rôle de ce héros", explique l'acteur, casquette étoilée sur la tête dans un treillis ensanglanté.
Public au rendez-vous
Dès son arrivée au pouvoir, le régime a su utiliser les activités culturelles comme relais de propagande.
Mais il lui faut désormais s'adapter à un public abreuvé de superproductions hollywoodiennes, particulièrement dans une ville comme Shanghai, sorte de laboratoire social des transformations du pays.
"Nous évitons le bourrage de crânes", explique Dong Zhengzhen, scénariste de "La bataille de Shanghai". "Nous cherchons à susciter chez les jeunes une émotion artistique."
A la télévision, les censeurs ont ordonné ces derniers mois d'abandonner les films en costume sur l'époque impériale pour privilégier les héros communistes.
Au cinéma, une superproduction baptisée "Wo he wo de zuguo" ("Moi et mon pays") sort dans les salles lundi, à la veille de la fête nationale.
Le film, qui se penche sur sept grands moments de l'histoire de la République populaire, emprunte "aux techniques de récit et de production les plus couramment associées avec Hollywood", observe Nicole Talmacs, spécialiste du cinéma chinois à l'Université Xi'an Jiaotong-Liverpool.
La production devrait à coup sûr gommer les aspects les plus dramatiques de l'histoire récente comme le "Grand bond en avant", campagne de développement industriel des années 1950 suivie d'une famine qui a fait des dizaines de millions de morts.
Le film "évite l'approche didactique et rigide du récit historique" qui était celle des précédents films anniversaire, selon Mme Talmacs.
Il doit sortir dans 40 pays dont les Etats-Unis au lendemain de sa sortie chinoise, ce qui reflète l'entrée de capitaux chinois dans nombre d'entreprises de distribution.
"Le patriotisme chinois n'est plus confiné à la Chine", souligne Mme Talmacs.
En Chine, le public, parfois encouragé par les employeurs à remplir les salles, est au rendez-vous des oeuvres patriotiques comme "Libération" ou "Mao président, 1949".
"Le clairon de Gutian", un film qui évoque l'autorité absolue du Parti sur les militaires, a débarqué dans les salles le 1er août dernier, à l'occasion du Jour de l'armée.
"J'étais très touchée", témoignait une spectatrice pékinoise à sa sortie. "Il y a eu tellement de pionniers qui ont versé leur sang pour que nous ayons aujourd'hui cette vie magnifique", confiait-elle à l'AFP.
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