A 33 ans, le chef des conservateurs autrichiens est sorti avec une popularité inaltérée de la tempête qui a emporté, en mai, son premier gouvernement formé avec le parti d'extrême droite FPÖ.
Cette coalition nouée en décembre 2017, et qui se présentait comme un modèle à suivre pour l'Europe aux prises avec la montée des nationalismes, a implosé au bout de 18 mois. L'alliance droite / extrême droite n'a pas résisté à des révélations compromettantes pour le chef du FPÖ et numéro deux du gouvernement.
Appelés aux urnes dans la foulée de ce scandale surnommé "l'Ibizagate", les Autrichiens plébiscitent le retour de Sebastian Kurz. Son parti, ÖVP, est crédité depuis des mois d'une large avance pour ces législatives anticipées, entre 33% et 35% d'intentions de vote, en hausse de 2,5 points par rapport aux élections de 2017.
Les bureaux de vote ouvrent à 07h00 (05h00 GMT) pour 6,4 millions d'électeurs. Les premières estimations sont attendues peu après la clôture du scrutin à 17h00 (15h00 GMT).
Options à risque
"Qui veut Kurz doit voter Kurz", proclament les affiches électorales des "Türkis" (turquoise), la couleur dont le dirigeant trentenaire a repeint le vénérable parti conservateur.
Le surdoué de la politique autrichienne a pourtant "plus à perdre qu'à gagner", soulignait à la veille du scrutin le quotidien conservateur Die Presse. Car à la différence de 2017, Sebastian Kurz "a trois options possibles de coalition qui toutes lui déplaisent".
Il peut renouer une alliance avec l'extrême droite, revenir à la sage coalition avec les sociaux-démocrates – une formule usée par des décennies de cogestion –, ou bien opérer un virage à 180 degrés en s'alliant avec les écologistes et les libéraux.
Toutes ces variantes sont risquées et laissent présager de longues semaines de négociations pour l'ex-chancelier, qui a promis à ses électeurs un retour à la stabilité.
Le FPÖ est plombé par l'Ibizagate, une affaire à laquelle se sont ajoutés, dans les derniers jours de la campagne, des soupçons de détournements de fonds au sein du parti.
La formation d'extrême droite s'est dotée d'un nouveau chef, Norbert Hofer, après la brutale disgrâce de son prédécesseur, Heinz-Christian Strache. Ce dernier a dû démissionner de tous ses mandats après la diffusion d'une vidéo tournée en caméra cachée à Ibiza révélant des discussions compromettantes: à une femme se présentant comme la nièce d'un oligarque russe, il expliquait comment financer le FPÖ de façon occulte.
Les allégations de détournements de fonds sur lesquelles la justice enquête visent aussi M. Strache, soupçonné d'avoir utilisé l'argent du parti pour couvrir des dépenses personnelles.
Du bleu au vert ?
Dans ce contexte, le parti nationaliste, fondé par d'anciens nazis dans les années 1950, sent le souffre aux yeux de nombreux élus conservateurs. Il peut pourtant toujours compter sur une solide base électorale puisque les sondages le créditent d'environ 20% d'intentions de vote, au coude à coude avec les sociaux-démocrates pour la seconde place.
Après une campagne où les enjeux climatiques ont remplacé la question migratoire qui avait dominé les législatives de 2017, les Verts devraient faire leur retour au parlement dimanche, crédités d'un score de 11 à 13%.
L'Autriche a connu vendredi sa plus forte mobilisation de la société civile en faveur du climat, avec plus de 150.000 personnes dans les rues du pays qui compte 8,8 millions d'habitants.
Sebastian Kurz "a fait des propositions sur les sujets environnementaux, car il n'exclut pas, après avoir incarné la fermeté sur l'immigration, d'ajouter une nouvelle corde à son arc en incarnant une écologie conservatrice", analyse le politologue Patrick Moreau.
Les Verts se disent prêts à discuter d'une alliance avec les conservateurs et les libéraux du parti Neos, mais les concessions de part et d'autre devraient être si nombreuses, sur l'environnement et l'immigration notamment, que ce scénario laisse beaucoup d'observateurs sceptiques. Une coalition entre trois partis serait une première en Autriche.
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