"Il faut accepter de faire rentrer les gens dans notre espace, dans notre univers, dans le village. Une maison fermée ne vit pas! Il faut qu'elle soit ouverte", s'enthousiasme Cécile Charlemagne, une habitante de Saint-Saturnin (Puy-de-Dôme), qui accueille chez elle les oeuvres du sculpteur Pascal Catry.
Au milieu de la cour arborée, trois chevalets - dont l'un soutient un tableau-sculpture en zinc de l'artiste - côtoient la table et les chaises de jardin.
En surplomb, une ancienne grange aux murs recouverts de vigne vierge: c'est là que M. Catry a installé d'autres oeuvres aux tons gris, barrées de lignes irrégulières couleur rouille.
"Je pratique un art du recyclage. Je récupère de très vieilles gouttières qui nous ont protégés une centaine d'années, et je les donne à voir avec les traces que la pluie a laissées: c'est un travail sur la mémoire, le temps qui passe", explique-t-il.
"J'avoue que je ne connaissais pas beaucoup l'art contemporain, mais c'est une découverte à chaque fois: quand je vois le travail de Pascal Catry, il ne m'était jamais venu à l'idée que le zinc pouvait servir de matière à des oeuvres", témoigne Mme Charlemagne.
- Art "disponible" -
A quelques rues de là, Marc Fredou pousse la porte en bois de son imposante demeure, entourée d'un parc qui sert de galerie le temps du festival à Manon Damiens, elle aussi sculptrice.
Les statues et les bancs en pierre du vaste jardin voisinent avec ses oeuvres en métal, aériennes et légères. Certaines carillonnent dans le vent. A l'étage, dans le salon, Clothilde Lasserre, peintre venue de Paris, a installé ses tableaux devant l'ancienne cheminée où sont invités à déambuler les festivaliers.
"Dans une galerie, il faut faire la démarche de pousser une porte, et souvent les gens se disent que c'est réservé à une certaine élite". Là, "on touche à un plus large public et c'est vraiment chouette parce que c'est à cela que sert l'art, c'est être disponible pour tout le monde", affirme Manon Damiens.
Mais ce festival biennal investit également les bâtiments emblématiques du village médiéval de quelque 1.100 habitants, comme le château du XIIIe siècle ou la chapelle abritant une sculpture-vidéo d'Anne-Sophie Emard. Onze oeuvres sorties exceptionnellement des collections du Fonds régional d'art contemporain (Frac) d'Auvergne sont aussi présentées.
Pour Patrick Lepercq, président du festival, "il se crée du lien autour d'une oeuvre d'art, des artistes, de la population et des visiteurs, c'est tout un village qui s'anime et s'ouvre complètement".
Les artistes "restent là pendant trois jours, à la rencontre des gens et, vis-à-vis de leurs hôtes qui accueillent cette exposition et du public qui déambule dans le village, cela crée quelque chose de tout à fait particulier", note-t-il.
Au total, près de 500 oeuvres, réalisées par une trentaine d'artistes sont exposées dans des domaines variés: théâtre de rue, musique, sculpture, peinture, photographie, céramique, art numérique.
Des concerts, dont un d'André Manoukian samedi soir, et des conférences jalonnent le festival qui accueille près de 7.000 visiteurs et a choisi cette année pour thème "Vibrations": expression des sentiments, mouvements des artistes.
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