Les étudiants manifestent contre une réforme qui risque d'affaiblir l'agence de lutte contre la corruption, et une révision du code pénal vue comme liberticide prévoyant notamment des peines de prison pour les relations sexuelles hors mariage ou entre personnes du même sexe.
Un étudiant ingénieur de 19 ans est mort à l'hôpital après des coups à la tête reçus au cours d'émeutes jeudi à Kendari sur l'île des Célèbes, a indiqué le directeur de l'hôpital de la ville, Sjarif Subijakto, à l'AFP.
Les proches du jeune homme ont confirmé son décès dont les circonstances n'ont pas été éclaircies.
"Son père a reconnu sa mort, il veut juste savoir ce qui s'est passé", a indiqué à l'AFP Rahmat, un membre de la famille qui n'a donné que son prénom. "Mais sa mère est toujours sous le choc".
Il s'agit de la deuxième victime parmi les étudiants après les violentes manifestations qui se sont multipliées à travers le pays depuis lundi causant plusieurs centaines de blessés dans des affrontements avec les forces de l'ordre.
Jeudi un étudiant âgé de 22 ans, selon les dernières informations de la police, est mort dans la même ville de Kendari après avoir été blessé à la poitrine au cours d'une manifestation qui a conduit à l'incendie du parlement local.
"L'autopsie a révélé que la blessure avait été causée par une balle réelle", a annoncé vendredi à des journalistes Iriyanto, le chef de la police du sud-est des Célèbes, qui ne porte qu'un nom.
Le président indonésien Joko Widodo a fait part de ses condoléances aux parents des deux étudiants et ordonné une enquête sur les circonstances de leur mort.
Mis en difficulté alors qu'il s'apprête à être investi pour un second mandat en octobre, le président a souligné qu'il avait demandé à la police d'agir avec retenue. "Depuis le début, j'ai demandé au chef de la police et aux policiers de ne pas faire d'excès".
Cette vague de manifestations est l'une des plus importantes en Indonésie depuis le soulèvement ayant abouti à la chute du dictateur Suharto en 1998.
Les députés indonésiens devaient voter cette semaine la réforme du code pénal mais, devant les critiques, le président a demandé la semaine dernière qu'elle soit repoussée à la session parlementaire d'octobre. En ce qui concerne la réforme de l'agence de lutte contre la corruption, il a semblé reculer jeudi, indiquant qu'il réfléchissait à un décret pour la modifier.
"Ces manifestations très soudaines et importantes dans tout le pays (...) montrent clairement que toute initiative (de M. Widodo) portant atteinte aux libertés démocratiques se heurtera à la résistance de la rue de la part des mêmes segments de la société que ceux qui ont lancé les réformes en 1998", a observé l'analyste Kevin O'Rourke.
Le président "n'a jamais fait face à une situation aussi complexe", a observé Arya Fernandes, chercheur au Centre d'études stratégiques et internationales de Jakarta. Pour lui, "c'est un test pour sa capacité à diriger".
A LIRE AUSSI.
Indonésie: Jakarta élit son gouverneur sur fond de tensions religieuses
Indonésie: le président sortant Joko Widodo donné gagnant face un ex-général
Pourquoi le gouverneur chrétien de Jakarta est-il jugé pour blasphème?
Indonésie: le bilan des séisme et tsunami monte à 420 morts
Indonésie : début des enterrements de masse, 191.000 personnes ont besoin d'aide
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.