Le sprinteur de 23 ans a certes été blanchi le 2 septembre par l'Agence antidopage américaine (Usada), celle-ci s'étant trompée sur une date, faisant passer la période des trois manquements à plus d'un an, à quelques jours près.
Coleman a donc échappé au pire, à savoir une suspension d'au moins douze mois qui aurait pu lui faire manquer les Championnats du monde de Doha puis les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Mais le mal est fait et c'est l'image du bolide d'Atlanta qui en a pris un coup avec cette affaire.
Comment Coleman, l'homme le plus rapide sur la ligne droite depuis 2017 et le 7e performeur de tous les temps (9 sec 79), réagira-t-il à l'heure de se lancer dans la quête d'un premier titre mondial, et quel impact sa mésaventure aura-t-elle sur ses performances? La première journée des Mondiaux livrera déjà une partie de la réponse avant les demi-finales et la grande finale prévue samedi au Khalifa stadium.
Pour l'instant, la posture adoptée par l'Américain a été très offensive.
Dégâts collatéraux
"C'est une honte pour l'Usada que ce cas ait été rendu public et qu'ils demandent aux athlètes de suivre un règlement qu'ils ne comprennent pas eux-mêmes. Cette organisation est supposée protéger les athlètes, mais je me sens aujourd'hui comme une victime. Je travaille dur, je bois de l'eau et travaille encore plus dur le lendemain. De cette façon je n'ai jamais été contrôlé positif et ça n'arrivera jamais", a-t-il lancé dans une video, neuf jours après avoir reçu le feu vert pour se rendre au Qatar.
Mais le vice-champion du monde (2017) est également bien conscient des dégâts collatéraux causés par l'"affaire".
"Cette situation peut m'affecter mentalement, a-t-il estimé. J'ai manqué deux compétitions (les meetings de Ligue de diamant de Birmingham et de Zurich en août, ndlr), je dois aussi avancer avec ma réputation ternie et le stress."
Mais il n'y a pas que Coleman qui est sorti abîmé par la révélation de ses trois manquements. C'est une nouvelle fois l'athlétisme, et plus particulièrement l'épreuve-reine du 100 m, qui se voit associée au dopage. Le premier sport olympique n'avait pas besoin de cela, à l'heure où il se cherche désespérément une star depuis la retraite de la légende Usain Bolt en 2017.
Vieux démons
"Ce n'est pas une bonne publicité", avait admis fin août auprès de l'AFP le président de la Fédération internationale (IAAF) Sebastian Coe, déjà bien occupé avec la Russie, suspendue depuis 2015 pour avoir mis en place un dopage institutionnel, et les récentes accusations contre le Kénya.
Jeudi, à la veille de l'ouverture des Mondiaux, le dirigeant britannique s'est toutefois voulu plus conciliant, affirmant que son succès serait "bon pour le sport".
Un sacre de Coleman réveillerait forcément de vieux démons, deux ans après celui du non moins controversé Justin Gatlin, banni pour dopage à deux reprises durant sa longue carrière et victorieux du 100 m à Londres sous les sifflets.
Le vétéran américain (37 ans) est d'ailleurs en embuscade pour profiter d'une éventuelle défaillance de Coleman et se succéder à lui-même, d'autant que le prodige US Noah Lyles (22 ans) s'est focalisé sur le 200 m.
Auteur du 4e chrono de l'année (9 sec 87), le champion olympique de 2004 pourra miser sur son expérience des grands rendez-vous pour tenter d'ajouter une 4e médaille d'or mondiale à son palmarès. Reste à savoir s'il est suffisamment remis de sa blessure à la cuisse gauche, subie le 3 septembre à Zagreb.
Mais outre son passé sulfureux, Gatlin n'en finit pas, lui aussi, d'alimenter les soupçons. L'Américain n'a pas totalement coupé les ponts avec son ancien entraîneur Dennis Mitchell, piégé en 2017 par des journalistes du Telegraph à qui il avait proposé des produits dopants, et sa victoire ferait jaser. Entre Coleman et Gatlin, l'athlétisme ne sait plus très bien sur quel pied danser.
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