Après les premières manifestations antipouvoir le 20 septembre, la présence policière a été ostensiblement renforcée dans toutes les grandes villes du pays, en particulier sur la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte populaire de 2011 qui chassa le président Hosni Moubarak du pouvoir.
C'est une série de vidéos postées début septembre sur Facebook par un entrepreneur égyptien en exil, Mohamed Aly, qui a poussé des centaines de personnes à manifester il y a une semaine aux cris de "Sissi dégage", avant d'être dispersées rapidement à coups de gaz lacrymogènes.
Dans ces vidéos partagées des millions de fois sur internet, Mohamed Aly a accusé M. Sissi et l'armée de corruption et a appelé à manifester, dans un contexte d'austérité économique.
Les premières manifestations avaient créé la surprise dans un pays où l'opposition a été sévèrement réprimée depuis la mise à l'écart en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi, renversé par M. Sissi, alors chef de l'armée.
Réagissant sans délai, les autorités ont procédé à l'arrestation d'environ 1.900 personnes, dont des journalistes, des intellectuels et des militants politiques, selon des ONG locales de défense des droits humains. Des arrestations dénoncées par Amnesty International, Human Rights Watch ou The Committee to protect journalists (CPJ).
"Résistance ferme"
"Les manifestations à venir devraient certainement rencontrer une résistance ferme", a assuré à l'AFP H.A Hellyer, membre associé du Royal United Services Institute.
Selon lui, M. Sissi a clairement fait comprendre par le passé "qu'il a l'intention de rester au pouvoir" et si les manifestations "dépassent un certain point, cela serait destructeur pas seulement pour sa présidence, mais pour le pays en général".
Elu président en 2014, M. Sissi s'est imposé comme l'une des figures les plus autoritaires du Moyen-Orient, écartant impitoyablement à ce jour toute velléité de contestation, en dépit des condamnations des défenseurs des droits humains.
Dans ses vidéos, M. Aly a affirmé que des millions de livres égyptiennes de fonds publics ont été utilisés dans des projets inutiles et des palais présidentiels.
"Mensonges et calomnies", a rétorqué mi-septembre M. Sissi, niant en bloc les accusations de corruption et affirmant qu'il construisait des palais non pour lui-même mais pour l'Egypte.
Dans un pays de 100 millions d'habitants où environ une personne sur trois vit sous le seuil de pauvreté, ces propos ont été mal perçus.
En effet, outre les allégations de corruption, la construction de palais au moment où le gouvernement impose des mesures d'austérité est susceptible de réveiller la colère chez de nombreux Egyptiens affectés par une sévère crise économique.
"Marche du million"
Depuis 2016, le gouvernement a mis en place un programme de réforme en vue d'obtenir un prêt de 12 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).
Il comprend notamment une dévaluation de la livre égyptienne, qui a perdu près de la moitié de sa valeur face au dollar, et une baisse des subventions étatiques, notamment sur le gaz, l'électricité et les carburants.
Au quotidien, les mesures se sont traduites par une baisse dramatique du pouvoir d'achat.
Après les manifestations du 20 septembre, M. Aly s'est félicité de la mobilisation et a appelé à une "marche du million" ce vendredi. "C'est une révolution du peuple."
Dans le camp opposé, des manifestations de soutien à M. Sissi ont été organisées cette semaine et pourraient avoir lieu de nouveau vendredi.
Jeudi, M. Aly a posté une vidéo d'une minute incluant des passages de ses anciennes vidéos, des extraits de scènes d'émeutes datant de 2011 et des déclarations de M. Sissi.
"Attention. Cette chose qui s'est passée il y a sept ou huit ans (la révolte de 2011, NDLR) ne se reproduira pas en Egypte", avait affirmé M. Sissi il y a quelques mois.
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