Devant le dernier domicile parisien de Jacques Chirac, au 4 rue de Tournon près du Sénat, un camion de CRS est arrivé vers 12H20 tandis que la rue était en train d'être bloquée des deux côtés par des effectifs de police. Les journalistes commençaient à arriver.
Une minute de silence a été aussitôt observée à l'Assemblée nationale, ainsi qu'au Sénat, où le décès a été annoncé en séance. L'industriel François Pinault, ami intime du couple Chirac, a fait part dans un communiqué de son" infinie tristesse".
Le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a réagi en indiquant que "Jacques Chirac fait désormais partie de l'Histoire de France". "Une France à son image: fougueuse, complexe, parfois traversée de contradictions, toujours animée d'une inlassable passion républicaine", a-t-il ajouté, en estimant que la France avait "perdu en lui un héros d'Alexandre Dumas: charmeur, batailleur et beaucoup plus profond qu'il ne voulait paraître."
L'ex-chef de l'Etat était l'un des grands fauves de la droite française dont la longévité, entre succès brillants et échecs cuisants, a démontré une exceptionnelle capacité de rebond.
Celui qui n'apparaissait plus en public depuis plusieurs années fut président de la République pendant douze ans (1995-2007), deux fois Premier ministre, trois fois maire de Paris, créateur et chef de parti et ministre à répétition.
Ses mandats élyséens resteront marqués par son "non" à la deuxième guerre d'Irak, la fin de la conscription militaire, la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français dans les crimes nazis, le passage au quinquennat, le cri d'alarme ("notre maison brûle") face à la dégradation de l'environnement, une première victoire importante sur l'absurde mortalité routière.
Jacques Chirac était parvenu à conquérir l'Elysée - rêve d'une vie pour ce fils unique - en 1995 après deux défaites (1981 et 1988).
En 2007, affaibli par un accident vasculaire cérébral qui l'a frappé deux ans plus tôt, il doit voir triompher Nicolas Sarkozy pour lequel il est loin de manifester la ferveur indéfectible de son épouse Bernadette.
Populaire, mais à l'image abîmée
"Perte de mémoire", "absences", surdité: Jacques Chirac apparaîtra ensuite de plus en plus rarement en public.
Sa dernière sortie publique remonte à novembre 2014, au Musée du Quai-Branly consacré aux arts premiers, et qui porte depuis son nom.
L'ancien président, affaibli mais souriant, était aux côtés de l'un de ses successeurs, François Hollande. Ironie de l'histoire, l'ancien chef du RPR avait indiqué trois ans plus tôt qu'il allait voter pour le socialiste à la présidentielle, contre le sortant Sarkozy.
Particulièrement populaire depuis qu'il avait quitté le pouvoir, Jacques Chirac avait pourtant essuyé de cuisants échecs. En 1988, sèchement battu par François Mitterrand, son épouse Bernadette s'était désespérée que "les Français n'aiment pas (son) mari".
Douze ans plus tard, la dissolution qui devait conforter sa majorité à l'Assemblée a provoqué une humiliante déroute de la droite.
C'est enfin sur le terrain judiciaire que l'animal politique s'était abîmé: protégé par l'immunité attaché au mandat présidentiel, il avait été rattrapé par les juges après son retrait de la politique. En 2011, il devint le premier ancien chef de l'Etat condamné au pénal, à deux ans d'emprisonnement avec sursis, pour une affaire d'emplois fictifs à la Mairie de Paris.
Après avoir quitté les ors de l'Elysée, Jacques Chirac vivait à Paris, avec son épouse Bernadette, dans un appartement des bords de Seine, prêté par la famille de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, l'une des amitiés tissées au fil des ans. Il se rendait régulièrement en vacances au Maroc.
Il avait eu deux filles, Laurence, anorexique depuis sa jeunesse décédée en avril 2016, et Claude, qui fut sa conseillère en communication.
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