A voir la moue du phénomène belge, dépossédé de la première place à l'arrivée de Dennis, ce n'est qu'une affaire de temps. L'avenir appartient à ce coureur qui n'en finit pas de stupéfier le cyclisme. Champion du monde juniors l'an passé, il est devenu à Harrogate (Angleterre) le plus jeune médaillé de l'histoire dans le contre-la-montre des Mondiaux.
Evenepoel, champion d'Europe le mois passé, s'est incliné cette fois face à un rouleur spécialiste, un habitué des Mondiaux que Dennis dispute chaque année depuis sa première année en élite (2013). Au bout des 54 kilomètres, l'écart s'est élevé à 1 min 08 sec, même si l'Australien s'est visiblement relâché dans le final, la victoire acquise.
Le désormais double champion du monde, puisqu'il s'était déjà imposé l'an passé par une marge comparable à Innsbrück (Autriche), est revenu par la grande porte. Il n'avait plus couru depuis son abandon du Tour de France à la veille du contre-la-montre de Pau, qui avait suscité l'incompréhension jusque dans son équipe de marque (Bahrain-Merida).
"Je suis passé par des moments compliqués, il y a eu beaucoup de discussions depuis le Tour", a reconnu Dennis. En conflit avec son employeur, il a disputé le "chrono" des Mondiaux sans l'équipement de son équipe habituelle, à commencer par le vélo. Mais il a tenu à marquer sa solidité mentale, un domaine qu'il dit avoir travaillé durant cette période troublée: "Je voulais montrer que j'aimais toujours mon sport."
"Impressionnant !"
Depuis le Tour, l'ancien détenteur du record de l'heure s'est consacré à l'entraînement. Avec, en ligne de mire, les Mondiaux dans le Yorkshire qui, mercredi, ont été épargnés pour l'essentiel par la pluie: "Je voulais défendre mon titre."
La ligne franchie, Dennis, dont le futur s'inscrit en pointillés bien qu'il soit encore sous contrat avec Bahrain-Merida jusqu'à fin 2020, s'est laissé aller à l'émotion. Il a retrouvé sa compagne et son enfant, avant de monter sur le podium et retrouver Evenepoel, finalement tout sourire, à l'instar du troisième, l'Italien Filippo Ganna.
Les deux autres favoris ont connu des fortunes diverses mais se sont suivis au classement. Le Belge Victor Campenaerts, l'actuel détenteur du record de l'heure qui était dans l'allure pour viser le podium, a perdu toute chance après une chute. Le Slovène Primoz Roglic, qui avait dominé le chrono de la récente Vuelta mais sur une distance plus courte, a été débordé.
"Je n'ai pas fait l'entraînement pour un chrono aussi long", a expliqué Roglic, qui s'est classé finalement 12e, juste derrière Campenaerts. Tous deux ont été doublés par Dennis, parti en dernière position.
Vainqueur à la moyenne de 49,778 km/h, l'Australien a été évidemment invité à commenter la performance d'Evenepoel. "J'espère qu'il peut attendre encore quelques années", a-t-il répondu en riant à la télévision belge flamande. "Mais, en un mot, c'est: impressionnant !"
Côté français, Pierre Latour s'est classé 18e, Benjamin Thomas 28e. A distance de l'objectif affiché d'intégrer le top 10.
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