"Je reconnais les faits pour la voiture", déclare à la cour d'assises spéciale de Paris Inès Madani, entendue pour la première fois, au troisième jour du procès. Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, avec sa co-accusée Ornella Gilligmann, elles ont garé une voiture remplie de bonbonnes de gaz au milieu d'une rue devant des restaurants et ont tenté de l'incendier. Seul un mauvais choix de carburant a permis d'éviter une explosion meurtrière.
Inès Madani nie en revanche avoir tenté d'assassiner un policier à Boussy-Saint-Antoine (Essonne) quatre jours plus tard. "Je n'ai pas essayé de me jeter sur ce policier. Je lui ai demandé de me tirer dessus", affirme l'accusée âgée de 22 ans, au visage poupin d'une adolescente.
Elle parle beaucoup de l'année 2014, où elle a subi deux agressions sexuelles, des attouchements dans la rue, et où elle a perdu sa grand-mère. "C'est une période où je pensais beaucoup à la mort", explique la jeune femme, les cheveux bruns remontés en chignon. Elle dit alors à sa famille qu'elle veut mourir, elle pense au suicide, sans passer à l'acte.
Inès Madani est une adolescente en échec scolaire, en conflit avec sa famille, qui souffre de son apparence physique avec ses kilos en trop. Elle "fume huit à dix joints par jour".
Elle se lie avec une femme de dix ans de plus qu'elle, qui partira en Syrie en janvier 2015. Elle se serait radicalisée à son contact, commence à "adhérer aux thèses" du groupe Etat islamique" (EI). Début 2016, elle tente à son tour de partir, mais son père qui avait remarqué son "changement" fait un signalement à la police. Inès Madani est ainsi interdite de sortie du territoire.
Ce qui l'intéresse alors à l'EI, "c'est qu'ils autorisent le suicide". "Ce n'est pas tout à fait cela", la reprend le président Laurent Raviot. "Une opération martyr correspond à un suicide en réalité", ajoute-t-elle.
Pourquoi alors avoir quitté la voiture remplie de bonbonnes de gaz, l'interroge l'avocate générale. "Ce n'est pas mourir en martyr, Madame", souligne la magistrate. "A la base, je comptais rester dans la voiture. Et au dernier moment, j'ai été convaincue par Ornella Gilligmann de sortir", affirme-t-elle.
Inès Madani explique avoir évolué depuis 3 ans. "Je ne suis plus du tout d'accord avec l'EI", assure-t-elle.
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