Ancien héros des stades, double champion olympique du 1.500 m, le Britannique de 62 ans a savouré mercredi une standing ovation comme au bon vieux temps, dans le faste de l'hôtel Sheraton à Doha. Il a été réélu à l'unanimité (203 voix sur 203) pour quatre ans de plus à la tête de l'athlétisme mondial.
L'assemblée plénière de l'IAAF s'est donc félicitée du bilan du Britannique lui donnant un blanc-seing pour la suite malgré quatre années houleuses, à deux jours du début des controversés Mondiaux de Doha (chaleur, enquête pour corruption, manque d'engouement populaire).
"Je suis très heureux de voir comment le sport a évolué. Personne dans le sport n'a autant fait que nous contre le dopage et la corruption", s'est félicité M. Coe.
Cet ancien député conservateur a en effet dû composer avec l'épineux dossier russe, dont la fédération est suspendue depuis novembre 2015 et la révélation d'un vaste scandale de dopage institutionnel. L'athlétisme, dans la lignée de son président, a adopté une ligne "dure" en restant depuis quelques mois la seule organisation internationale à suspendre la Russie.
Une enquête lancée cette semaine par l'Agence mondiale antidopage (AMA) sur la possible falsification de données du laboratoire de Moscou, essentielles pour les investigations de l'AMA, pourrait entraîner le mouvement inverse, donnant raison à l'athlétisme, en menaçant la présence de la Russie aux Jeux de Tokyo en 2020.
Pacte de corruption
Autre sujet sensible, beaucoup plus polémique, Coe et l'IAAF ont poussé pour faire appliquer un nouveau règlement qui empêche certaines athlètes avec des différences de développement sexuel, comme la Sud-Africaine Caster Semenya, de concourir du 400 m au mile (1.609 m), sauf à suivre un traitement pour faire baisser leur taux de testostérone.
Semenya, soutenue par l'Afrique du Sud, conteste ce règlement auprès de la Cour suprême suisse après avoir perdu devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Surtout, Coe a pris les commandes en 2015 d'un sport en plein marasme, gangréné par le supposé pacte de corruption qui liait la Russie et le clan Diack, l'ex-président Lamine (1999-2015) et son fils Papa Massata.
Alors que le Sénégalais a été renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris pour "corruption active et passive", "abus de confiance" et "blanchiment en bande organisée" pour avoir obtenu des fonds russes en échange de l'indulgence des services antidopage de l'IAAF, Coe (62 ans) peut s'enorgueillir d'avoir relevé le défi de la normalisation de l'institution en se lançant dans une série de réformes.
"Développer l'athlétisme"
Il a poussé à la création en 2017 de l'Unité d'intégrité de l'athlétisme (AIU), structure à la gouvernance indépendante chargée de juger les questions d'éthique et de dopage.
Le chantier de la refonte du calendrier bat son plein, alors que la Ligue de diamant doit adopter une nouvelle formule la saison prochaine, avec moins de meetings et de compétitions pour plaire aux télévisions.
Le patron du premier sport olympique a d'ailleurs fait de la conquête du grand public l'une des priorités de son second mandat à l'heure où l'athlétisme a bien du mal à voir émerger de nouvelles têtes d'affiche, deux ans après la retraite de la légende du sprint Usain Bolt.
"Ce furent quatre années délicates, difficiles. Les deux premières, nous avons mis en place un chantier de réformes, les deux dernières ont concerné leur mise en oeuvre. Maintenant, nous pouvons commencer à développer l'athlétisme, sensibiliser un public au-delà du monde de l'athlétisme et replacer le sport dans une perception de prestation, de service, que le public soit davantage engagé, avec un calendrier coordonné", a indiqué Sebastian Coe.
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