Dans un entretien à Europe 1 enregistré à New York, où il participe à l'Assemblée générale de l'ONU, le chef de l'Etat plaide pour un débat "apaisé" qui ne soit pas "simpliste", souhaitant un "vrai +en même temps+ sur la politique migratoire aussi", entre humanité et efficacité.
Ainsi de l'Aide médicale d'Etat (AME) aux immigrés sans papiers, qu'il souhaite voir "évaluée", mais pas supprimée, pour lutter contre certains "excès" probables.
Neuf jours après avoir lancé le débat devant les parlementaires de la majorité en appelant à regarder "en face" le sujet de l'immigration, Emmanuel Macron estime que "la France ne peut pas accueillir tout le monde si elle veut accueillir bien", en écho aux mots de Michel Rocard qui, alors Premier ministre, considérait en 1989 que "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde".
"Pour continuer à accueillir tout le monde dignement on ne doit pas être un pays trop attractif", fait valoir le chef de l'Etat à quelques jours des débats, sans vote, à l'Assemblée (30 septembre) et au Sénat (2 octobre).
Admettant un "échec" sur les reconduites à la frontière, il décline les quatre axes d'une politique migratoire qui deviendrait "opportunité économique": donner l'asile "le plus rapidement possible à ceux qui ont besoin de notre protection", les "intégrer beaucoup plus efficacement", "traiter et protéger tous ceux qui sont sur notre territoire", et "reconduire beaucoup plus efficacement les personnes qui n'ont pas vocation à (y) rester parce qu'elles y sont entrées illégalement".
Persuadé que la présidentielle de 2022 se jouera sur les sujets régaliens et qu'il se retrouvera de nouveau confronté à la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, Emmanuel Macron s'empare du thème de l'immigration au risque de crisper l'aile gauche de sa majorité. Le 15 septembre, il avait plaidé devant elle que les "bourgeois" n'ont "pas de problème" avec l'immigration car "ils ne la croisent pas", alors que "les classes populaires vivent avec".
"Pas de surdité"
Le sujet revient sur le devant de la scène un an après la promulgation de la loi "asile et immigration", qui avait fait tanguer la majorité tout en étant jugée trop timide à droite.
"Bla bla bla... Il y a 30 ans, Rocard nous disait que nous ne pouvions accueillir toute la misère du monde... Regardez le résultat !", a tweeté mercredi la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen.
Le président LR du Sénat Gérard Larcher a appelé à "parler de manière apaisée mais en vérité", et "le faire avec nos valeurs", tout en critiquant le bilan en forme d'"échec" d'Emmanuel Macron.
A gauche, Boris Vallaud, porte-parole des députés PS, estime que la France doit "accueillir plus, et mieux", et critique la "forme d'instrumentalisation" du sujet par le président de la République.
"On peut parler mieux que Marine Le Pen sur ces sujets-là", estime en revanche un membre du gouvernement. "On veut montrer qu'il n'y a pas de surdité, de myopie par rapport à ces problèmes-là. (...) La réalité, à travers l'immigration et les demandes d'asile, c'est l'ajout de la précarité à la précarité" qui peut dans certaines situations devenir "insupportable à un territoire", justifie-t-il.
Pour un haut cadre de la majorité, pour qui "ça n'aurait pas de sens de ne regarder que la question de l'AME", "il faut regarder notre système en lucidité". Le débat parlementaire doit permettre de "poser le constat" de "ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas -par exemple le système d'asile européen-", mais aussi bâtir "les grands axes de ce que doit être la refonte d'une politique migratoire", jusqu'à aborder "les dimensions de l'immigration économique".
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