Le verdict est tombé dans la nuit de mardi à mercredi, dès le second jour consécutif d'audience, alors que nombre d'Algériens pensaient que ce procès tant attendu et qualifié d'historique par les médias serait aussi long qu'un feuilleton.
Hormis quelques indiscrétions des avocats, rien n'a filtré. Ni les médias publics, ni privés n'ont été autorisés à couvrir ce procès emblématique.
Jugés depuis lundi par le tribunal militaire de Blida, au sud d'Alger, pour "atteinte à l'autorité de l'armée" et "complot contre l'autorité de l'Etat", Saïd Bouteflika, frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika, le général Mohamed mediene "Toufik" et son successeur à la tête du renseignement Athmane Tartag, ainsi que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskistes) Louisa Hanoune, ont écopé de 15 ans de prison.
Le parquet avait requis mardi une peine maximale de 20 ans de prison contre chacun d'eux.
"Je n'a absolument rien à dire sur ce procès, si ce n'est que nous faisons appel", a déclaré à l'AFP Me Miloud Brahimi, l'un des avocats de M. Mediene, qui a longtemps été le puissant chef des renseignements.
Me Farouk Ksentini, également avocat de M. Mediene, a déclaré à l'AFP qu'il "respectait la décision rendue par le tribunal" mais a été "surpris par la sévérité du verdict".
"Je pensais que les éléments constitutifs de l'accusation n'étaient pas réunis, j'ai essayé de le démontrer mais le juge ne m'a pas suivi", a précisé Me Ksentini, en ajoutant qu'il allait contacter discuter de l'appel avec son client.
Selon un communiqué du tribunal militaire diffusé par la télévision publique, le juge a indiqué aux accusés qu'ils avaient "le droit de faire appel devant la cour d'appel militaire dans un délai de 10 jours suivant le verdict".
Saïd Bouteflika, 61 ans, était considéré comme le véritable homme fort du palais présidentiel depuis l'accident vasculaire cérébral dont a été victime son frère en avril 2013. Il était l'une des figures honnies des manifestants qui réclament depuis le 22 février le départ des responsables du système.
Le tribunal a également condamné à 20 ans de prison par contumace l'ancien ministre de la Défense et ex-chef d'état-major de l'armée Khaled Nezzar, son fils Lotfi, ainsi que Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie, jugés dans la même affaire.
M. Nezzar et son fils Lotfi et M. Benhamdine sont depuis le 6 août sous le coup d'un mandat d'arrêt international.
D'abord entendu comme témoin le 14 mai dans le cadre de l'enquête visant Saïd Bouteflika, le général Nezzar avait affirmé que ce dernier lui avait dit envisager d'instaurer l'état de siège et de démettre le général Gaïd Salah.
"Procès politique"
Pour Ramdane Tazibt, un des dirigeants du PT, il s'agit "d'un procès politique".
Ce procès est "une criminalisation dangereuse de l'action politique et une attaque contre la démocratie", a-t-il affirmé à l'AFP, estimant que Mme Hanoune et ses avocats "ont démontré qu'il n'y a aucune raison pour qu'elle soit emprisonnée, encore moins condamnée".
Ce procès a lieu après une vague d'arrestations massives dans l'entourage d'Abdelaziz Bouteflika, contraint par l'armée à démissionner début avril après des mois d'un mouvement de contestation inédit.
Des enquêtes judiciaires avaient ensuite été ouvertes sur des faits présumés de corruption visant d'ex-hauts responsables politiques et des hommes d'affaires, accusés d'avoir profité de leurs liens privilégiés avec le régime de M. Bouteflika.
Le frère du président déchu et les deux ex-patrons du renseignement ont été incarcérés le 5 mai. Louisa Hanoune, cheffe du PT (trotskiste), a été placée en détention provisoire quatre jours plus tard.
La défense avait admis que Mme Hanoune avait participé à une réunion avec Saïd Bouteflika et le général "Toufik" le 27 mars, au lendemain d'une déclaration du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, demandant publiquement le départ d'Abdelaziz Bouteflika.
Quelques jours plus tard, le général Gaïd Salah avait accusé, sans les nommer, Saïd Bouteflika et les généraux Mediene et Tartag de comploter contre l'armée.
Le 2 avril, le général Gaïd Salah a réclamé la mise en oeuvre de la procédure constitutionnelle prévoyant "l'empêchement" pour raison de santé d'Abdelaziz Bouteflika, qui remet sa démission quelques heures plus tard, après 20 ans au pouvoir.
La contestation s'est poursuivie, réclamant notamment le départ du "système" au pouvoir depuis deux décennies, dont celui du général Gaïd Salah, un ex-fidèle de Bouteflika, devenu l'homme fort du pays.
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