Le tour opérateur indépendant le plus vieux du monde mettrait ainsi fin à près de deux siècles d'activités, ce qui devrait donner lieu à une gigantesque opération de rapatriement de quelque 600.000 clients en vacances. Environ 22.000 employés du groupe risquent de perdre immédiatement leur emploi, dont 9.000 au Royaume-Uni.
"Les chances de survie sont maigres", ont déclaré des sources proches du dossier, tandis que plusieurs médias britanniques affirmaient que la société allait faire faillite. Le Guardian précise que l'annonce sera faite autour de 02H00 GMT.
D'après la chaîne Sky News, le voyagiste devrait retenir les cabinets AlixParners et KPMG pour gérer sa dissolution ou sa restructuration.
Une source proche du dossier avait déjà prévenu samedi que sans accord, le groupe cesserait d'exister immédiatement et que des administrateurs tenteraient de sauver "les parties du groupe qui peuvent l'être" pour que les créanciers retrouvent un peu de leur mise.
Quant aux actionnaires, ils risquent de tout perdre: le titre du groupe a fondu ces derniers mois à mesure que les problèmes de Thomas Cook s'amplifiaient et ne valaient plus que quelques pence.
Le pionnier des tour-opérateurs, très lourdement endetté, a vu son horizon s'assombrir ces dernières années à cause de la concurrence acharnée des sites internet de voyage à bas prix et de la frilosité de touristes inquiets du Brexit notamment. Il avait annoncé une perte abyssale d'1,5 milliard de livres pour le premier semestre, pour un chiffre d'affaires de quelque 10 milliards.
Son destin s'est joué en quelques jours: des créanciers lui ont demandé la semaine dernière de trouver 200 millions de livres (227 millions d'euros) de financements supplémentaires pour qu'un plan de sauvetage déjà accepté de 900 millions de livres et mené par le chinois Fosun, premier actionnaire, soit validé.
D'après certains créanciers du groupe, qui comprend notamment RBS, Barclays et Lloyds parmi ses banques de financement, le voyagiste ne survivrait qu'un an de plus environ sans les fonds supplémentaires.
Les réunions se sont enchaînées tout le week-end pour tenter de trouver un investisseur privé auprès de fonds spéculatifs ou d'investissements, ou auprès du gouvernement, en vain.
La mine sombre, le patron du voyagiste, Peter Fankhauser, n'a fait aucun commentaire en sortant de la réunion avec les créanciers qui se tenait dans le cabinet d'avocats Latham & Watkins à Londres. Il s'est ensuite rendu à un conseil d'administration qui devait sceller le sort du tour opérateur.
L'affaire a pris un tournant volontiers politique d'autant que la banque RBS a elle-même été sauvée par le gouvernement à grands frais après la crise financière de 2008.
Crise évitable
"C'est un imbroglio qui aurait pu être évité. Les ministres doivent aller de l'avant et prendre leurs responsabilités pour venir en aide aux passagers et employés", s'est indigné Brian Strutton, secrétaire général du syndicat de pilotes de British Airways Balpa, ajoutant que le gouvernement n'avait pas tiré les conclusions de la faillite de la compagnie Monarch il y a deux ans.
Sollicités par l'AFP, le département des Transports et Thomas Cook, ainsi que plusieurs créanciers du voyagiste dont la banque RBS se sont refusés à tout commentaire pour le moment.
La faillite qui semblait imminente d'un des plus anciens voyagistes au monde devrait créer une onde de choc dans le tourisme européen. Les autorités britanniques devront immédiatement organiser le rapatriement de 150.000 touristes Britanniques. Au total il y a 600.000 vacanciers partis avec des vols ou des voyages pré-payés de Thomas Cook actuellement répartis dans le monde, ce qui en ferait le rapatriement de civils le plus important depuis la Seconde guerre mondiale dans le pays.
Tout au long du week-end des clients angoissés de savoir comment ils allaient rentrés chez eux ont déversé leurs frustrations sur les réseaux sociaux. Sans parler de ceux qui comme l'anglaise Chloé Hardy ont dépensé des fortunes pour un voyage de rêve à venir. Melle Hardy devait se marier en Grèce début octobre et sa famille, son fiancé et elle ont dépensé 45.000 livres, affirme-t-elle.
"On ne sait pas si on pourra voler et encore moins se marier comme prévu. Nos familles, amis et nous sommes dévastés", a-t-elle confié à l'AFP.
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