Outre cette mesure emblématique, qui avait été plusieurs fois repoussée, le texte de 32 articles, qui sera débattu jusqu'au 9 octobre, prévoit une délicate réforme de la filiation et de l'accès aux origines, et aborde nombre de sujets sensibles comme l'autoconservation des ovocytes ou la recherche sur les cellules souches embryonnaires.
Autant de thèmes qui suscitent des questionnements chez les députés de tous bords, en quête d'équilibre entre ce qui est possible techniquement et ce qui est souhaitable éthiquement.
"C'est le texte de tous les dangers mais il a été très bien préparé", entre états généraux de la bioéthique et avis du Comité consultatif national d'éthique, a affirmé lundi 16 septembre Emmanuel Macron devant sa majorité. Et le gouvernement ne semble pas prêt à beaucoup bouger: "Il ne faut pas confondre la recherche d'un débat où tout le monde peut s'exprimer avec la recherche d'un consensus", a prévenu dans un entretien à l'AFP Frédérique Vidal, la ministre de la Recherche.
Environ 2.600 amendements sont au menu, un chiffre loin des records enregistrés sous cette législature, a-t-on appris vendredi de source parlementaire.
Mais le ton monte hors des murs du Palais Bourbon: une manifestation de protestation est programmée le 6 octobre, à laquelle certains élus LR ou RN n'excluent pas de participer aux côtés de La Manif pour Tous.
L'épiscopat catholique a d'abord affirmé qu'il était du "devoir" des citoyens de manifester, avant qu'un porte-parole ne tempère ces propos. Les associations LGBT craignent, elles, de revivre le climat de "violence" de 2013.
L'examen du texte en commission spéciale, en présence des ministres Agnès Buzyn (Santé), Nicole Belloubet (Justice) et Frédérique Vidal (Recherche) est resté serein la semaine dernière.
Les élus LR hostiles à la PMA pour toutes préviennent que "ce n'est pas parce que les débats sont courtois" qu'il n'y a pas des divergences profondes sur le "type de monde" qui se prépare.
Face à une majorité LREM-MoDem défendant cette promesse de campagne, ils pointent un "effet domino" inéluctable vers la légalisation de la gestation pour autrui (GPA), le gouvernement martelant qu'elle "demeure un interdit absolu en France".
De là à avoir comme sur le mariage gay un débat tout feu tout flamme dans l'hémicycle? "Personne n'a envie de ça, en tout cas ça ne viendra pas de chez nous", assure un ténor de droite.
Pas de "match retour"
LR ne veut pas se "ringardiser" et "refaire le match", même si hors hémicycle certains de ses représentants, tel l'eurodéputé François-Xavier Bellamy, ont évoqué une "malédiction".
"Peut-être que ça désarçonne un peu la majorité qui pensait qu'on allait jouer les gros bourrins homophobes", lâche Philippe Gosselin (LR).
Certains sujets comme l'ouverture de la PMA aux femmes seules ont suscité des doutes y compris au sein de la majorité, Marie Tamarelle-Verhaeghe (LREM) plaidant notamment pour un "projet partagé entre deux personnes".
Les interrogations traversent également tous les bancs sur les questions de l'accès aux origines et de la filiation, ou de l'autorisation de la PMA post-mortem, rejetée de justesse en commission.
Sur tous ces sujets qui touchent à l'intime, la liberté de vote est de mise dans tous les groupes. Le gouvernement lui-même, a assuré à l'AFP Mme Buzyn, souhaite "un débat non partisan, et d'ailleurs les lignes de fracture se voient à travers les groupes".
Dans le camp des farouches opposants, outre la grande majorité des LR, figurent certains UDI et des élus comme Emmanuelle Ménard (app. RN) ou Agnès Thill, exclue en juin de LREM. Marine Le Pen (RN) a aussi fait savoir qu'"en l'état", elle voterait contre le texte.
Les députés de gauche - PS, PCF et LFI -, sont dans l'ensemble favorables à l'ouverture de la PMA, promesse de François Hollande.
La frange des LR ouverte à une "évolution progressiste des mentalités", comme y invite Maxime Minot, a peiné pour l'heure à se faire entendre.
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