Cela fait tout juste une semaine qu'elle a quitté son poste de directrice générale du Fonds monétaire international (FMI).
Après huit années passées dans l'imposant bâtiment de Washington, elle part avec le sentiment que l'institution "est plus solide financièrement, hautement respectée, très pertinente", confie-t-elle dans un entretien exclusif avec l'AFP.
Première femme à piloter le prestigieux cabinet d'avocats d'affaires Baker McKenzie, première à occuper le poste de ministre française de l'Economie et des Finances (2007-2011) sous la présidence de Nicolas Sarkozy, elle fut aussi la première femme à être nommée, en 2011, à la tête du FMI.
A 63 ans, elle sera également la première à exercer les fonctions de président de la Banque centrale européenne (BCE).
Interrogée sur ce qu'elle va apporter à la BCE, elle rétorque spontanément dans un large sourire: "je vous répondrai plus tard car il va falloir tester!"
Avant de poursuivre: "j'apporterai tout ce que je peux apporter. Ce que j'ai apporté au FMI sera à disposition de la BCE, des équipes de la BCE."
Et de souligner son point fort: le travail en équipe, la capacité à réunir des compétences.
Une touche de féminité
"Je l'ai fait ici au FMI avec un certain succès et j'essaierai de déployer les mêmes efforts à la Banque centrale européenne, comme dans toutes les institutions où je suis passée", dit-elle avec enthousiasme.
Avant d'endosser ses nouvelles fonctions à Francfort, elle dresse un tableau de l'économie mondiale assombrie non seulement par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine mais encore par le Brexit en Europe.
Celle qui n'a eu de cesse d'appeler "à réparer le toit pendant qu'il fait beau", -- reprenant une phrase célèbre du président John Kennedy --, constate que la croissance est aujourd'hui "fragile" et "menacée". Faute d'avoir été entendue.
Rejetant les tentations protectionnistes et convaincue que le multilatéralisme est la seule voie à suivre, elle appelle les dirigeants à dialoguer pour tenter de "résoudre les incertitudes qui entourent le monde".
"Qu'il s'agisse des relations commerciales, du Brexit, des menaces technologiques, ce sont des problèmes créés par l'homme et qui peuvent être réglés par l'homme", opine-t-elle tout en relevant qu'"un peu de féminité ne ferait pas de mal".
Le FMI avait abaissé fin juillet ses prévisions de croissance mondiale à 3,2%. Depuis, il a prévenu que les tensions commerciales pourraient ralentir encore l'expansion à travers le globe.
De son côté, l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) s'attend pour 2019 à la croissance mondiale "la plus faible depuis la crise financière", lorsqu'elle avait reculé à 2,9% en 2008 avant de plonger à -0,5% l'année suivante.
"Je continuerai certainement à être déterminée à m'assurer que nous nous concentrons sur les créations d'emplois, la productivité, la stabilité", explique Christine Lagarde.
Pour autant, elle insiste sur le fait que les institutions monétaires doivent "s'en tenir aux faits et aux données économiques" et doivent être "prévisibles".
"Il y a suffisamment d'incertitude à travers le monde pour ne pas ajouter de l'incertitude sur ce qu'une banque centrale va faire", a-t-elle déclaré.
Alors que le président américain Donald Trump ne cesse de critiquer la banque centrale américaine et son président Jerome Powell, elle rappelle aussi avoir "constamment" défendu l'indépendance des banquiers centraux.
S'en va-t-elle avec des regrets? "Il y a des pays que nous avons aidés au fil du temps où j'aurais aimé voir un programme achevé ou (...) qu'il soit plus réussi", admet-elle.
Revenant sur l'aide apportée à l'Argentine, aujourd'hui controversée, elle estime que sans l'aide du Fonds, la crise économique y aurait été "bien pire".
"Je n'ai aucun doute là-dessus", conclut-elle.
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