Le procès, prévu sur deux jours, s'est ouvert dans un climat électrique, alimenté par les attaques répétées du leader Insoumis contre la justice. Au juge qui lui demandait s'il acceptait de comparaître, M. Mélenchon a répondu : "Je crois pas que j'aie le choix, mais oui".
Jean-Luc Mélenchon est poursuivi pour "actes d'intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l'autorité publique, rébellion et provocation". Il encourt jusqu'à 10 ans de prison, une amende de 150.000 euros et 5 ans d'inéligibilité. Comparaissent aussi les députés Bastien Lachaud et Alexis Corbière, le député européen Manuel Bompard, le président de l'association "L'ère du peuple" Bernard Pignerol et l'attachée de presse de LFI.
Le chef de file de LFI a été le premier à être interrogé. Le jour de la perquisition, le 16 octobre 2018, "la journée a commencé dans une ambiance de confusion, de sidération", avec la perquisition chez plusieurs militants insoumis, s'est justifié M. Mélenchon, quand le président du tribunal Benoît Descoubes a souligné que la matérialité de ce que lui est reproché était établie.
Le député a déclaré éprouver "un sentiment d'humiliation" : "ce sont mes locaux, je n'ai jamais prétendu être au-dessus des lois".
Jean-Luc Mélenchon a rappelé avoir eu peur que le fichier des 500.000 inscrits sur la plateforme LFI soit saisi. Il a alors invoqué "la responsabilité morale vis-à-vis de ceux qui ont donné leur nom et adresse pour soutenir (sa) campagne présidentielle".
Et il s'est dit à nouveau victime d'un "procès politique" : "Je ne parle pas de complot, mais d'effet de système".
Dans un face à face tantôt tendu, tantôt comique, le leader LFI s'est trouvé ensuite sous le feu des questions de Me Eric Dupond-Moretti, l'un des avocats des parties civiles."C'est une technique classique, de couper petit morceau par petit morceau les questions. Allez droit au but, soyez offensif !" lui a conseillé M. Mélenchon, déclenchant le rire dans la salle.
Visiblement agacé par la longueur des réponses du leader insoumis, qui a plusieurs fois expliqué que sa réaction à la perquisition était avant tout celle d'un militant revendiquant son insoumission, M. Dupond-Moretti a ironisé : "Ici, on est dans une enceinte judiciaire, pas devant le tribunal, avec des pancartes!"
Une référence aux dizaines de militants insoumis qui s'étaient postés dès le matin devant le tribunal pour soutenir les six prévenus.
"Mon niveau de décibels"
A l'un des policiers qui s'est porté partie civile, M. Mélenchon dit "regrette(r) profondément de vous avoir perturbé par mon niveau de décibels, au point d'avoir provoqué sept jours d'ITT".
La matinée d'audience a été consacrée au visionnage des images tournées par la presse lors de la perquisition du 16 octobre qui avait viré à la confrontation.
Certaines séquences ont provoqué des rires dans la salle d'audience bondée. Quelques échanges tendus entre parties ont eu lieu au moment où des images défilaient sans le son. "Le procès politique des insoumis organisé par Belloubet tourne à la farce muette", a ironisé le patron des Insoumis, sur Twitter pendant l'audience.
De nombreux élus LFI ont fait le déplacement, dont les députés Adrien Quatennens, François Ruffin et Danièle Obono.
La perquisition au coeur du procès avait été menée au siège parisien de LFI dans le cadre de deux enquêtes du parquet de Paris : sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d'emploi d'assistants d'eurodéputés de LFI, confiées depuis à des juges d'instruction.
Filmant en direct sur Facebook la perquisition de son domicile, M. Mélenchon avait d'abord dénoncé une "énorme opération de police politique" avant de se rendre avec des proches au siège du mouvement. Devant des caméras, il avait appelé ses proches à "enfoncer la porte" pour entrer dans les locaux. On le voyait également bousculer un représentant du parquet, ainsi qu'un policier qui tentait de s'interposer.
Des policiers et des magistrats figurent parmi les parties civiles.
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