Preuve de l'importance de ces discussions en coulisses, M. Netanyahu a annulé son déplacement prévu dans les prochains jours à l'Assemblée générale de l'ONU en raison du "contexte politique" local, selon des sources officielles.
En marge des discussions à l'ONU, M. Netanyahu devait notamment s'entretenir avec son "ami" le président américain Donald Trump d'un possible traité de défense commune.
Mais le Premier ministre sortant, au pouvoir sans interruption depuis 10 ans, risque, après avoir joué son va-tout aux élections de mardi, de perdre sa mise pour une rare fois dans sa longue carrière politique.
Avec plus de 95% des bulletins dépouillés, son parti le Likoud obtient 32 sièges, contre 33 à la formation centriste Kahol Lavan ("Bleu-blanc") de M. Gantz. Alors que la Knesset, le Parlement, compte 120 sièges, aucun des deux ne franchit la barre fatidique des 61 députés nécessaire pour avoir une majorité, même avec leurs alliés.
"Nous allons attendre les résultats finaux (...) et souhaiter à Israël un gouvernement d'union", a commenté M. Gantz.
Si M. Gantz plaide pour "un large gouvernement d'union exprimant la volonté du peuple" et s'est dit disposé à parler "avec tout le monde", M. Netanyahu maintient pour sa part une ligne dure et a rencontré les dirigeants de plusieurs petits partis afin de constituer un "bloc" unitaire de droite.
Fin de "l'ère Netanyahu"?
Israël fait selon lui face à deux options : "soit un gouvernement que je dirige, soit un gouvernement dangereux qui repose sur les partis arabes". "Dans ces temps où nous faisons face à d'immenses défis sécuritaires et politiques (...) il faut tout faire pour barrer (la route à) un gouvernement dangereux", a-t-il ajouté.
Dans le système politique israélien, le président consulte les députés qui lui recommandent un chef de gouvernement.
Or les partis arabes, hostiles à M. Netanyahu et qui sont en passe de s'imposer comme la troisième force politique à la Knesset, avec 12 sièges, ont déjà suggéré qu'ils allaient s'opposer à sa désignation, sans confirmer s'ils allaient soutenir celle de son rival.
"L'ère Netanyahu s'est achevée", a ainsi proclamé Ahmed Tibi, l'un des ténors de la "Liste unie" des partis arabes. "Si Benny Gantz appelle, nous lui communiquerons nos conditions" pour le soutenir, a-t-il ajouté.
Les Palestiniens sont apparus divisés sur l'attitude à tenir : si le chef de la diplomatie palestinienne Riyad al-Maliki a assuré que l'Autorité palestinienne était "prête à s'asseoir" avec le futur Premier ministre, quel qu'il soit, "pour relancer les négociations" entre Israéliens et Palestiniens, au point mort depuis 2014, le président Mahmoud Abbas s'est lui prononcé sans équivoque : "Notre position: contre Netanyahu".
Le Likoud et le parti Bleu-blanc doivent négocier entre eux, et/ou avec d'autres formations, afin d'aboutir à un nouveau gouvernement et d'éviter le scénario du printemps, lorsque M. Netanyahu avait été incapable de former une coalition à l'issue d'élections déjà âprement disputées.
Le Parlement avait alors été dissous et un nouveau scrutin convoqué mardi. M. Netanyahu espérait réussir à faire bouger les lignes pour s'imposer à la tête d'un nouveau gouvernement de droite.
L'issue de ce second scrutin est d'autant plus cruciale pour M. Netanyahu qu'il intervient avant sa comparution devant la justice le 3 octobre pour des affaires de "corruption", "d'abus de confiance" et de "malversations", et qu'il cherche à obtenir une immunité du Parlement.
"Maladie de la haine"
Outre l'ascension des partis arabes, les élections de mardi ont été marquées par la performance d'Israël Beitenou, une formation dirigée par l'ancien ministre Avigdor Lieberman, devenu "faiseur de roi".
Pour l'instant "non-aligné", M. Lieberman, crédité de 8 sièges qui pourraient faire pencher la balance, a appelé à la formation d'un "gouvernement d'union nationale", mais cette fois sans les partis religieux ou arabes.
"Il n'y a qu'une option pour nous et c'est la formation d'un large gouvernement d'union nationale et libéral avec Israël Beitenou, le parti Bleu-blanc et le Likoud", a-t-il affirmé.
M. Lieberman a mené sa campagne contre les partis juifs ultra-orthodoxes, alliés du Likoud, qu'il accuse de vouloir faire d'Israël un Etat religieux. Outre les partis ultra-orthodoxes, M. Lieberman a aussi tiré à boulets rouges ces dernières années sur les formations arabes.
"Israël a un problème (...) Nous avons été atteints de la maladie de la haine (...) Certaines personnes veulent voir les divisions s'accentuer entre la droite et la gauche, mais c'est précisément de cette façon que la maladie croît", notait mercredi le journal Yediot Aharonot. "Mais un gouvernement étriqué, qu'il soit de droite ou de gauche, ne fera que renforcer le problème et rendre Israël plus vulnérable. Nous avons besoin d'un (...) gouvernement d'union".
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