À quatre reprises déjà, la justice avait décidé le maintien en liberté du médecin, la dernière fois le 12 juin. C'est cette décision de la cour d'appel de Besançon que visait le pourvoi du parquet général, retoqué mercredi par la Cour de cassation dans la foulée de son examen.
Au coeur du pourvoi, des soupçons de "connivence" entre Gilles Raguin, ex-magistrat de la cour d'appel de Besançon qui avait confirmé le maintien en liberté sous contrôle judiciaire du médecin à la mi-juin, et un avocat de la défense, Me Randall Schwerdorffer.
"Je ne suis pas surpris par cette décision car il n'y a jamais eu de collusion entre Gilles Raguin et moi", a réagi l'avocat auprès de l'AFP, contestant de nouveau avoir rencontré cet ancien magistrat de la chambre de l'instruction "en dehors du milieu professionnel".
"La décision de la cour de cassation est incontestable et remet les pendules à l'heure. Il n'y a plus de débat", a insisté Me Schwerdorffer.
Le Dr Péchier est soupçonné d'avoir pollué, de 2008 à 2017, des poches de perfusion de 24 patients, âgés de 4 à 80 ans, pour provoquer des arrêts cardiaques, démontrer ses talents de réanimateur et discréditer ses collègues de clinique avec lesquels il était en conflit.
"Beaucoup de gens se demandent comment il peut être libre", a concédé Me Schwerdorffer, évoquant des "fantasmes" autour de sa propre appartenance à la franc-maçonnerie, mais "personne ne se dit que s'il est libre, c'est peut-être que le dossier est fragile, tout simplement".
Agé de 47 ans, le médecin a été mis en examen en 2017 puis à la mi-mai pour un total de 24 empoisonnements présumés de patients, dont neuf mortels. En dépit de ces lourdes charges, il n'a jamais été placé en détention provisoire.
"Très en colère"
Le contrôle judiciaire de l'anesthésiste lui interdit en revanche d'exercer sa profession depuis 2017. Il a été renforcé après sa seconde mise en examen avec l'interdiction de se rendre à Besançon ou dans la commune voisine où il résidait.
Parmi ses victimes présumées : Teddy, un enfant de 4 ans dont le père, selon son avocat, Jean-Michel Vernier, s'est dit mercredi "stupéfait et très en colère" après la décision de la Cour de cassation. "Il ne tire qu'une conclusion : il y a une justice pour les puissants et une justice pour les pauvres", a poursuivi l'avocat, dans une allusion à la situation matérielle modeste de cette famille, partie civile.
Par les hasards du calendrier, au moment même où la Cour de cassation se penchait sur l'affaire, une autre audience se tenait mercredi devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Besançon.
Celle-ci a examiné plusieurs requêtes en nullité déposées par les avocats du médecin. Elles portent notamment sur la garde à vue du praticien avant sa seconde mise en examen à la mi-mai et la validité d'une expertise psycho-criminologique effectuée sur pièces, sans entendre le médecin, et qui présume de sa culpabilité.
La chambre de l'instruction rendra sa décision le 23 octobre prochain sur ce volet de l'affaire.
"Ces requêtes qui ne reposent sur rien" sont "juridiquement ridicules", elles ne visent qu'à "pourrir le dossier", s'est insurgé Me Frédéric Berna, avocat de plusieurs parties civiles à l'issue de l'audience qui se tenait à huis clos.
"Manifestement, la défense a passé son temps à nous expliquer que ce dossier était vide, mais manifestement, il y a beaucoup d'actes qu'elle aimerait voir disparaître", a-t-il remarqué.
jmo-emc-as-ha/bra/cam
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