Un détenu du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe près d'Alençon (Orne), âgé de 31 ans, est jugé mardi 17 et mercredi 18 septembre 2019 devant les Assises de l'Orne pour une prise d'otage.
Un passif important
L'homme a connu la prison pour la première fois alors qu'il n'était âgé que de 15 ans, pour des faits de rébellion. Après quelques courts séjours derrière les barreaux, il n'est plus jamais ressorti de prison depuis ses 19 ans. Il avait alors été condamné à quatre années de prison, mais après de multiples rébellions en détention, sa peine n'a cessé de grossir. Depuis, il a fréquenté 23 prisons et aligne 32 condamnations à son casier judiciaire...
Alors qu'il était théoriquement libérable en mai 2020, il a commencé fin 2015 à bénéficier de permissions de sortie pour préparer sa réinsertion. Mais à la seconde permission, il est rentré en retard à Condé. Il a alors écopé de quatorze jours de confinement dans sa cellule. Est-ce par vengeance, quelques jours plus tard, que le samedi 3 janvier 2016, il détruit une cabine téléphonique dans une coursive ? Puis le dimanche 4 janvier, peu avant midi, qu'il prend en otage deux surveillants qui distribuaient les repas au rez-de-chaussé gauche de la Maison Centrale n°2 de Condé ?
Tout se passe en deux minutes
Ce jour-là, à 11h54 et 50 secondes, après avoir contrôlé la cellule par l'œilleton, les surveillants ouvrent la porte pour distribuer le plateau-repas au détenu. C'est alors que celui-saisit l'un des deux agents par le col. Il le menace avec une arme artisanale fabriquée avec une lame de cutter, que le détenu place sur la carotide du premier surveillant. Le second déclenche l'alarme, mais le détenu ressort de sa cellule et place son arme sur la gorge de ce dernier, l'obligeant à son tour à entrer dans sa cellule, lui disant : " Si tu bouges, c'est toi que je vais crever en premier ".
Deux autres agents pénitentiaire, alertés, arrivent sur place, mais le détenu a refermé la porte de sa cellule. D'autres surveillants arrivent en renfort. La porte de la cellule est rouverte. Deux agents entrent à l'intérieur. L'un d'eux chute alors que l'arme du détenu passe à seulement quelques centimètres de sa tête. Les quatre agents parviennent alors à s'extirper de la cellule, deux d'entre eux en rampant… Il est 11h56 et 50 secondes. L'incident n'a duré que deux minutes. La porte de la cellule est refermée selon une procédure d'urgence. Le détenu qui est resté à l'intérieur met alors le feu à sa cellule.
D'une simple comparution immédiate aux assises...
Cet incident aurait dû être jugé en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel d'Alençon le 6 janvier 2016. Mais le détenu a demandé un délai légal pour préparer sa défense. Il devait donc être jugé le 27 janvier 2016 et il n'encourait alors qu'au maximum dix ans de réclusion. Mais un nouvel incident de détention s'est produit le 20 janvier. Le tribunal correctionnel s'est alors déclaré incompétent, car le détenu n'avait pas volontairement libéré les deux surveillants qu'il avait pris en otage le 4 janvier. Il s'agissait alors d'un crime pour lequel il encourrait 30 ans. Mais comme il était en récidive légale, le détenu encourt désormais la réclusion criminelle à perpétuité devant les assises.
Un procès qui s'annonce technique
Mardi 17 septembre, lors de son procès, le détenu a reconnu les faits de destruction de la cabine téléphonique, de séquestration des deux surveillants, mais il nie les avoir menacés avec une arme et il dit qu'il a laissé sortir les deux agents de sa cellule sans les retenir... Une thèse en opposition avec les déclarations de tous les surveillants qui sont intervenus lors de cette prise d'otage, corroborées par la vidéo-surveillance. Lorsqu'il est mis en difficulté par les questions du président de la cour d'assises, le détenu dit ne plus se souvenir. Lors de l'évocation des premiers éléments de sa personnalité, l'accusé a souligné la solitude qui est la sienne, placé depuis qu'il a 12 ans, fils de parents séparés, qui ne sont jamais venus le voir en prison, son errance de foyer en foyer pour jeunes délinquants…
Cet après-midi, la cour entendra un psychiatre, la défense du détenu ayant demandé une expertise. Il est le quatrième d'une fratrie de sept enfants, qui ont tous réussi dans la vie. Sauf lui. Pourquoi a-t-il été mis au ban de sa famille ? Place aussi au témoignage des surveillants impliqués dans cet incident. Mercredi matin, la cour entendra un psychologue sur la personnalité de l'accusé, mais aussi son ex-compagne et sa sœur. Ce devrait également être les plaidoiries des parties civiles. Mercredi après-midi débutera par le réquisitoire de l'avocate générale, avant les plaidoiries de la défense.
Les débats risquent d'être très techniques sur la qualification du délit ou crime. Le délibéré est attendu mercredi 18 septembre, dans la soirée.
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