Les alentours du gymnase mis à disposition par la ville de Grande-Synthe, où vivaient ces migrants, ont été bouclés avant 07H00 par les forces de l'ordre, et deux premiers bus ont quitté les lieux vers 08H30. A leur bord: des jeunes hommes essentiellement, portant leurs bagages. Familles et enfants ont suivi, empruntant un cordon de sécurité formé de barrières.
Les migrants, majoritairement des Kurdes irakiens, vivaient à la fois dans ce gymnase et aux abords immédiats, dans des tentes qui commençaient à être démontées par les services municipaux.
Selon le constat d'huissier produit par la mairie de Grande-Synthe en août devant le tribunal administratif de Lille, 170 personnes se trouvaient début août à l'intérieur et 800 autres dans environ 550 tentes.
Elles devaient être acheminées vers différents centres d'hébergement, principalement en région Hauts-de-France, dans lesquels ils "se verront proposer un accompagnement individuel", a indiqué la préfecture dans un communiqué.
Elle rappelle que cette "mise à l'abri" fait suite à une ordonnance du tribunal administratif de Lille du 4 septembre, saisi en référé par la mairie. La justice avait notamment pointé des "graves problèmes de sécurité publique" et de "salubrité".
Ce gymnase avait été ouvert aux migrants en décembre 2018 par la mairie pour héberger des migrants, comme elle l'avait fait l'hiver précédent. Il devait initialement fermer à l'arrivée du printemps.
Au début de l'été, la préfecture du Nord avait dû installer, sur injonction du Conseil d'État, des points d'eau, douches et sanitaires à proximité, en nombre insuffisant selon les associations.
"Ils vont vite revenir..."
L'hiver 2017, l'ancien maire Damien Carême (EELV), devenu député européen, avait déjà mis cet équipement à disposition des migrants. Et en mai 2018, les 400 migrants hébergés là et à proximité avaient aussi dû quitter les lieux.
La même année, les forces de l'ordre avaient démantelé à plusieurs reprises le campement du Puythouck où vivaient des centaines de personnes.
Satisfait que soit mis fin à "ces conditions de vie indignes", le nouveau maire de Grande-Synthe, Martial Beyaert (PS), a néanmoins dit à l'AFP sa crainte de "retours très prochainement" après cette "énième mise à l'abri". Comme en écho aux propos du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui, fin octobre 2018, après l'évacuation de 1.800 personnes du Puythouck avait affirmé sur place "la volonté de fermeté" du gouvernement pour que le campement ne se reconstitue pas "une énième fois"...
"J'ai plutôt confiance en la parole de l'Etat et sa vocation à prendre en charge ces populations", a aussi assuré M. Beyaert. Interrogé sur les mesures concrètes que la ville compte instaurer pour éviter de nouveaux retours, il a répondu: "il faut beaucoup d'information et d'accompagnement. On ne peut pas forcer les gens à entrer dans un parcours d'intégration à la française, ça passe par de l'information (...), c'est la force de l'Etat qui doit être mise en œuvre pour répondre à ces questions".
Tonalité assez similaire chez Claire Millot, secrétaire générale de l'association Salam: "personne ne souhaite voir des gens habiter comme ça, ce ne sont pas des conditions, l'hiver arrive, ils sont de plus en plus nombreux". "Mais les faire monter dans des bus pour des centres d'accueil où ils ne veulent pas aller, ça n'a pas de sens. Ils vont revenir (…). Pas forcément ici, peut-être à Calais, vers la Belgique ou plus vers l'ouest, mais leur souhait est d'aller en Angleterre", a-t-elle affirmé à l'AFP, dénonçant l'absence d'une "vision globale d'accueil".
Depuis son appartement, Michèle Blanc, 72 ans, retraitée, a vue directe sur le site: "il est beaucoup trop concentré près des habitations. Ce ne sont pas des conditions de vie! Mais ils vont vite revenir...", dit-elle aussi à l'AFP.
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