"Dans l'Etat de Rakhine, la Tatmadaw (nom de l'armée birmane) a utilisé des hélicoptères de combat contre l'Armée d'Arakan (AA) et les deux parties sont accusées d'avoir effectué sans discernement, dans des zones civiles, des tirs d'artillerie lourde, et d'avoir posé des mines", a déclaré Yanghee Lee, au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
"Tout au long des mois de juillet, août et septembre, j'ai continué de recevoir des informations selon lesquelles des civils auraient été tués, pris pour cible", a-t-elle ajouté.
En outre, a-t-elle ajouté, "des informations inquiétantes font état d'hommes d'origine Rakhine arrêtés par l'armée parce qu'ils étaient soupçonnés d'être associés aux AA et détenus au secret pendant des semaines".
La rapporteure a fait état de quinze personnes décédées alors qu'elles étaient ainsi en détention, ainsi que de cas de torture et mauvais traitement.
Mme Lee a également reçu des informations faisant état de six villages incendiées depuis fin juin, date à laquelle le gouvernement a également imposé la suspension des services mobiles, privant d'internet les villageois.
Par ailleurs, "l'accès humanitaire reste fortement limité par le gouvernement dans les endroits touchés par le conflit, privant de manière significative au moins 100.000 personnes d'une assistance et des services de base, tandis que les couvre-feu empêchent les gens d'accéder aux moyens de subsistance et aux traitements médicaux", a déploré la rapporteure, avec qui la Birmanie refuse de coopérer.
Les affrontements se déroulent dans la même région que celle d'où plus de 740.000 Rohingyas avaient fui vers le Bangladesh en août 2017 face aux violences de l'armée, qualifiées de "génocide" par les enquêteurs de l'ONU. Des familles entières avaient rejoint 200.000 réfugiés victimes de persécutions et déjà installés dans des camps au Bangladesh.
Dans un rapport publié lundi, la Mission d'établissement des faits de l'ONU, créée par le Conseil des droits de l'homme en 2017, a estimé que les 600.000 Rohingyas toujours présents en Birmanie vivent sous la menace d'un "génocide", rendant "impossible" le retour" des réfugiés.
Mme Lee estime elle aussi que les conditions pour leur retour ne sont pas réunies.
Alors que "la Birmanie indique avoir entrepris d'importants travaux de développement dans la zone touchée par la violence, les images satellites révèlent que ce développement inclut 34 camps, dont l'objectif précis n'est pas clair", a averti Mme Lee, qui craint que ces camps soient "destinés à détenir la population restante de Rohingyas et ceux qui décident de rentrer" au pays.
En outre, six bases militaires ont été construites sur le site des villages rohingyas détruits et sur les 392 villages détruits, 320 n'ont pas été reconstruits, a-t-elle déploré.
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