Boris Johnson a demandé à rencontrer le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avant qu'il ne parte pour Strasbourg où le Parlement européen se réunit en session plénière. Le négociateur de l'UE, le Français Michel Barnier, participera à l'entretien.
Boris Johnson rencontrera ensuite le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel et les deux dirigeants tiendront une conférence de presse conjointe.
Les forfanteries de M. Johnson laissent les Européens de marbre. Lorsque Boris Johnson annonce "d'énormes progrès" sur la manière de traiter les problèmes de la frontière nord-irlandaise et se compare à Hulk, un super-héros capable de libérer le Royaume Uni des entraves européennes, les Européens répondent "attendre" des propositions concrètes et se disent "peu optimistes" sur les chances d'un divorce arrangé le 31 octobre.
"Rien de bien tangible jusqu'à présent", a confié à l'AFP un diplomate européen de haut rang dans un commentaire sur les dernières réunions de travail entre le conseiller de Boris Johnson, David Frost, et les équipes de Michel Barnier à Bruxelles.
"Nous n'avons pas de raisons d'être optimistes" sur les chances de parvenir à un accord avant le sommet européen organisé les 17 et 18 octobre, a pour sa part averti le négociateur européen lors d'une réunion avec les chefs des groupes politiques du Parlement européen.
Même sentiment pour Jean-Claude Juncker. Le président de la Commission européenne "n'est pas optimiste" après avoir pris connaissance des solutions proposées par Londres pour l'Irlande et "il attend toujours des propositions concrètes", a fait savoir son entourage.
Le Parlement européen, qui devra approuver l'accord trouvé avec Londres, a haussé le ton. Il votera mercredi une résolution très sévère dans laquelle il exige une clause de sauvegarde --le backstop-- pour empêcher le retour d'une frontière physique entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, ce que Boris Johnson refuse.
"Si le divorce se fait sans accord, le gouvernement britannique en assumera l'entière responsabilité et devra honorer tous ses engagements financiers, respecter les droits des citoyens européens et ses obligations au regard de l'accord du Vendredi Saint avec l'Irlande", a averti le président de l'Assemblée, David Sassoli.
"Le Parlement européen ne donnera pas son aval à de nouvelles négociations entre l'UE et le Royaume-Uni si ces obligations ne sont pas respectées", a-t-il menacé.
La solution serait de limiter la clause de sauvegarde à l'Irlande du Nord, a rappelé le président du Parlement. Cette région resterait territoire douanier de l'UE et deviendrait la frontière avec le reste du Royaume-Uni (Angleterre, Ecosse et Pays de Galles), une solution pour l'instant rejetée par les Britanniques car elle ouvre la porte à une réunification en Irlande.
Barnier et "Hulk" Johnson
Les Européens savent ce qu'ils veulent et, unis, ils campent sur leurs positions. Ils attendent les prochains mouvements de Boris Johnson.
Le Premier ministre britannique sait ce qu'il risque en cas de divorce sans accord. Un dossier gouvernemental fait état de troubles et de pénuries de médicaments et nourriture.
"Nous sommes toujours prêts à examiner objectivement toute proposition concrète et juridiquement valable du Royaume-Uni, mais nous les attendons toujours", a rappelé Michel Barnier.
"Plus Hulk se met en colère, plus Hulk devient fort et il s'échappe toujours", se vante Boris Johnson. "Le Brexit est une école de patience et de détermination", lui répond, pince-sans-rire, Michel Barnier.
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