Les rebelles Houthis avaient revendiqué les deux précédentes attaques, en mai et en août, sur des installations d'Aramco dans le royaume saoudien, pays dont les forces sont engagées au côté du pouvoir au Yémen contre les rebelles.
Les équipes de sécurité d'Aramco sont intervenues à 01h00 GMT pour éteindre des incendies dans deux installations stratégiques à Abqaiq et Khurais, "visées par des drones", a indiqué le ministère de l'Intérieur du premier exportateur mondial d'or noir.
"Les deux incendies ont été maîtrisés", a-t-il ajouté dans un communiqué relayé par l'agence officielle SPA, sans préciser la provenance des drones ou si l'attaque a entraîné la suspension des opérations. Une enquête a été ouverte.
L'attaque n'a fait aucun blessé, a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Mansour al-Turki.
Les autorités saoudiennes ont renforcé la sécurité autour des deux sites visés, empêchant les journalistes de s'approcher pour constater l'étendue des dégâts. De la fumée s'élevait au dessus des deux sites pétroliers.
Dans un communiqué relayé par leur chaîne de télévision Al-Massirah, les Houthis ont fait état d'"une opération d'envergure contre des raffineries à Abqaiq et Khurais".
Les Houthis, soutenus politiquement par l'Iran, grand rival régional de l'Arabie saoudite, revendiquent régulièrement des tirs de drones ou de missiles contre des cibles saoudiennes.
Ils affirment agir en riposte aux frappes aériennes de la coalition militaire menée par Ryad, qui intervient depuis 2015 dans la guerre au Yémen déclenchée en 2014 par une offensive des Houthis, qui se sont emparés de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa.
L'attaque été condamnée par les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Koweït et l'Egypte.
Dans un communiqué, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen Martin Griffiths a jugé "la récente escalade militaire extrêmement inquiétante", appelant "toutes les parties à la retenue" et à "éviter de mettre en danger le processus de négociations engagées par l'ONU".
L'ONU a parrainé des pourparlers interyéménites en décembre pour tenter de mettre un terme au conflit, qui a provoqué la pire crise humanitaire au monde selon l'organisation.
Menace sérieuse
Le site d'Abqaiq, à 60 km au sud-ouest de Dahran, principal siège du géant pétrolier, abrite la plus grande usine de traitement du pétrole d'Aramco, selon son site internet.
Khurais, à 250 km de Dahran, est l'un des principaux champs pétroliers de l'entreprise publique.
"En fonction de l'ampleur des dégâts et d'éventuelles pannes, Aramco utilisera ses plans d'urgence en puisant dans ses stocks", a expliqué à l'AFP Samir Madani, cofondateur du site de suivi du transport maritime Tanker Trackers.
Malgré les tentatives saoudiennes de rassurer les clients, "il pourrait y avoir des ruptures d'approvisionnement si les dégâts à Abqaiq sont importants", a estimé M. Madani.
Sous l'impulsion du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui cherche à diversifier l'économie saoudienne ultra dépendante du pétrole, Aramco prépare son introduction en bourse qui doit avoir lieu "bientôt", selon le nouveau PDG de l'entreprise Amin Nasser.
D'après des experts, les attaques des rebelles yéménites montrent qu'ils disposent d'armes sophistiquées et constituent une menace sérieuse pour l'Arabie saoudite et plus particulièrement pour ses installations pétrolières.
Le 17 août, les Houthis avaient dit avoir mené une attaque à l'aide de dix drones, "la plus massive jamais lancée en Arabie saoudite", contre le champ de Shaybah (est), qui avait provoqué un incendie "limité" selon Aramco sur une installation gazière, sans faire de blessés.
Le 14 mai, les Houthis avaient revendiqué une attaque de drones dans la région de Ryad, contre deux stations de pompage d'un oléoduc reliant l'est à l'ouest du royaume, qui avait entraîné l'interruption temporaire des opérations sur l'oléoduc.
Cette attaque avait ajouté aux tensions grandissantes dans la région du Golfe, après des attaques et des actes de sabotages contres des pétroliers en mai et juin, imputés par les Etats-Unis et son allié saoudien à l'Iran qui a nié toute implication.
La destruction d'un drone américain, entré dans l'espace aérien iranien selon Téhéran, avait fait craindre un embrasement général. Le président américain Donald Trump avait alors affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles.
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