Deux candidats de second plan ont indiqué à la dernière minute s'être désistés en faveur du ministre de la Défense Abdelkarim Zbidi, tentative tardive de limiter l'éparpillement des voix dans un scrutin marqué par un foisonnement de candidatures sans clivage de programme clair.
Samedi est journée de silence électoral, avant le début du scrutin dimanche à 8h locale (07h00 GMT). A l'étranger, les bureaux de vote sont ouverts depuis vendredi.
Mais la cacophonie politique continue: la campagne pour les législatives a démarré à minuit, et des militants ont commencé à coller les affiches des plus de 15.000 listes qui seront en lice le 6 octobre.
La mort fin juillet du président Béji Caïd Essebsi, à quelques mois de la fin de son mandat, a bouleversé la donne. La présidentielle, avancée de neuf semaines, a focalisé toute l'attention au détriment du scrutin législatif, qui se tiendra très probablement entre les deux tours de la présidentielle.
"Des surprises en perspective?" titre le journal Le Quotidien, tandis que le journal arabophone al-Sahafa, s'interroge en Une: "Qui sera à la hauteur pour devenir président?"
L'ancien conseiller politique Mohsen Marzouk et l'homme d'affaires Slim Riahi se sont ralliés peu avant le début du silence électoral à M. Zbidi, un technocrate proche du parti dont ils sont issus, Nidaa Tounes. Victorieuse en 2014, cette formation hétéroclite s'est scindée en factions rivales depuis.
Huit candidats en sont issus, dont le Premier ministre Youssef Chahed, qui peine à défendre le bilan de ses trois ans au gouvernement. Le chômage, qui avait été l'un d'un moteurs de la révolution de 2011, reste accroché à 15%, tandis que l'augmentation continue des prix pèse sur des salaires déjà très bas.
Paris
La justice a confirmé vendredi que l'un de ses rivaux de poids, le publicitaire Nabil Karoui, soupçonné de blanchiment d'argent et arrêté fin août, resterait en prison. S'il passait au second tour, il pourrait devenir le premier détenu dans la course finale d'une élection présidentielle.
Vendredi soir, une centaine de ses partisans se sont rassemblés à deux kilomètres de la prison en périphérie de Tunis, scandant des slogans de soutien et allumant des fumigènes.
"J'espère qu'il nous entend", a lancé son épouse, Salwa Smaoui, qui fait campagne au nom de son mari.
"C'est une question de principe", rage Mohamed Dom, qui a participé au dernier meeting du parti de Karoui, Qalb Tounes, sur la principale avenue de Tunis. "Il est en prison sans jugement, c'est ça la transition démocratique ?".
Mais dans la foule, un spectateur s'énerve : "Ca suffit, la distribution des frigos et spaghettis", accusant: "tous les gens ici ce soir" d'avoir été payés.
M. Karoui, fondateur d'une chaîne télévisée, s'est construit une popularité en sillonnant le pays pour des opérations caritatives diffusées deux ans durant sur cette chaîne.
Trois autres des 26 candidats ont fini leur campagne vendredi soir sur la même avenue par des meetings festifs, donnant au centre de Tunis un air de kermesse politique bon enfant où se croisaient des militants de toutes tendance.
Parmi eux, le premier candidat à briguer la présidence sous l'étiquette du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, Abdelfattah Mourou. Si cet avocat débonnaire à la verve appréciée est connu pour sa capacité à dialoguer, Ennahdha reste un repoussoir pour une frange des Tunisiens.
"Il est gentil, rassembleur", estime Maherez Harfaoui, un retraité conquis. "J'ai voté Essebsi en 2014, ca n'a pas marché. Aujourd'hui, je vote Mourou. Pas Ennahda, Mourou."
M. Essebsi, élu sur une plateforme anti-islamiste, s'était finalement allié à Ennahdha pour gouverner.
Les internautes lançaient des paris et spéculaient sur des sondages circulant sous le manteau, en raison de l'interdiction de publication.
Des premières estimations et sondages sont attendus dans la nuit de dimanche à lundi, tandis que l'instance chargée des élections (Isie) doit annoncer des résultats préliminaires mardi.
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