Le maquillage des blessés est criant de vérité, l'essoufflement des hommes ne laisse aucun doute sur la réalité de l'effort: sur quatre jours et jusqu'à dimanche, quelque 300 pompiers venus de seize pays, répartis en 69 équipes, se "jouent la vie" ou plutôt celles des autres, lors de leurs olympiades à eux.
"Le secours a ses athlètes", clame l'affiche du challenge. Et comme aux "vrais" JO, il y a différentes épreuves, certaines privilégiant plutôt la vitesse, d'autres plus complexes décernant des récompenses individuelles (meilleur technicien, médecin, chef), d'autres collectives.
Ainsi la désincarcération: il y a la "simple" mais au sprint, c'est-à-dire, en 10 minutes maximum, dégager une victime inconsciente, prisonnière d'un "véhicule instable ou bloqué par un obstacle". Ou la "complexe", avec deux victimes à désincarcérer, dans un accident impliquant plusieurs véhicules. Temps imparti: 30 minutes.
"Nous ne gagnerons pas", soufflait en souriant James Hazlett, membre du Wanaka volunteer fire, une brigade néo-zélandaise. "Il y avait beaucoup de difficultés pour immobiliser les véhicules retournés dans les épreuves de désincarcération, avant de pouvoir prendre en charge les victimes".
Dans la catégorie "secours d'urgence aux personnes", deux pompiers prennent en charge une victime qui a fait une chute de 10 mètres en parachute ascensionnel, avant d'être traînée au sol. Le duo a 9 minutes pour établir un diagnostic, déterminer une stratégie et traiter la victime. Et une minute pour expliquer aux juges ce qu'il a fait et pourquoi.
Spécialistes et polyvalents
Dans une autre épreuve, ils viennent au secours d'un ouvrier soudeur brûlé aux avants-bras, et qui a fait une chute de trois mètres, atterrissant près de barils d'essence. "Et dans chaque scénario, il y a un traumatisme visible, et un autre qu'il faut trouver", glisse le juge-arbitre irlandais, Mark Brennan.
De l'avis général, les Britanniques sont parmi les plus forts. L'an dernier au Challenge 2018 au Cap (Afrique du Sud), les Gallois de Bridgend avaient enlevé le classement général du secours routier, devant les Espagnols de Valence, même si les pompiers de Miami avaient brillé à la désincarcération "complexe". Et les pompiers de Londres avaient remporté les secours d'urgence aux personnes.
"Ils s'entraînent davantage", dit de la suprématie galloise le lieutenant-colonel Auloy, pompier de Charente-Maritime coordinateur des épreuves. Il discerne, quand on l'interroge, quelques différences de culture de secourisme entre les pays.
"Beaucoup de pompiers étrangers sont spécialisés dans le secours routier, les incendies, le sauvetage, détaille l'officier à l'AFP. Les Français sont plus polyvalents. Ils sont aussi capables de prendre des personnes en charge, ce qui revient plutôt aux +paramedics+ dans le monde anglo-saxon".
Plus largement, "la philosophie opérationnelle française consiste à +déplacer l'hôpital+ jusqu'à la victime via le Samu", poursuit Yannick Auloy. "Les Anglo-Saxons, eux, cherchent à ramener la victime le plus vite possible à l'hôpital. Mais de plus en plus, c'est l'état des blessés qui détermine la stratégie".
En réalité "on a tous les mêmes fondamentaux d'intervention. Ce ne sont que les détails qui changent", tempère l'officier rochelais. D'où de petites adaptations, nées de la confrontation avec d'autres pratiques secouristes au bout d'années d'échanges. Le World Rescue Challenge est dans sa 20e édition.
"Par exemple, en France on ne posait pas de film plastique sur une vitre de voiture pour éviter les projections avant de la briser ou de la démonter (pour désincarcérer). En participant au World Rescue, on a changé ça", explique l'officier. De même, les pompiers français avaient plutôt tendance à découper les portières pour accéder aux personnes incarcérées. Ils se sont mis à davantage à les déboulonner.
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