"Ce qui risque de se passer dans les villes de plus 10.000 habitants va être amplifié à Paris", prédit auprès de l'AFP Frédéric Dabi, le directeur général de l'IFOP qui s'apprête à publier dimanche un nouveau sondage sur les élections municipales à Paris. Le politologue pronostique notamment "la fin de la polarisation droite-gauche", un "éparpillement des forces politiques".
Au cabinet de la maire PS sortante Anne Hidalgo, dont la candidature devrait être officialisée en décembre, on dit s'attendre à "des triangulaires, voire des quadrangulaires" dans certains arrondissements, dont le XIVe, où la maire sortante Carine Petit (Générations), probable candidate pour l'équipe d'Anne Hidalgo, pourrait affronter le candidat LREM dissident Cédric Villani (inscrit sur les listes électorales le lendemain de sa déclaration) et la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa.
"C'est la campagne la plus bizarre", estime un stratège et proche de longue date de Mme Hidalgo. "En 2014, les candidats étaient connus. Or, aujourd'hui, les deux candidats qui peuvent prétendre à l'alternance ne sont pas là: LR et LREM."
Chez LR (Les Républicains), les candidats à l'investiture Rachida Dati, Marie-Claire Carrère-Gee et Jean-Pierre Lecoq devront attendre octobre pour connaître le choix de leur parti.
Et chez les Marcheurs, les appels au rassemblement n'ont pas été entendus après l'investiture dans la douleur de l'ancien porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Le parti est divisé depuis que Cédric Villani a annoncé sa candidature la semaine dernière.
"On n'aurait pas pu rêver meilleur scénario", se gausse un responsable du PS, tandis qu'un autre se réjouit que le mathématicien Villani prenne des voix "à Benjamin Griveaux et aux écolos". Désormais, croit-il, "l'objectif de Benjamin Griveaux ce ne sera plus de battre Anne Hidalgo, mais Cédric Villani".
"Petit Poucet"
La campagne parisienne des municipales est aussi marquée par de nombreuses candidatures d'outsiders, qui tentent de se frayer un chemin à côté de ces mastodontes.
Pierre-Yves Bournazel, candidat de centre-droit, veut ainsi "incarner l'alternative". "Je suis un Petit Poucet et un Petit Poucet, ça sème des cailloux", croit celui qui est élu à Paris depuis 11 ans.
"Est-ce que Gaspard Gantzer (fondateur de Parisiennes, Parisiens, et candidat à la mairie de Paris) peut être le réceptacle des déçus ? Est-ce que Cédric Villani peut être un point d'équilibre entre les +anti-Griveaux+ et les déçus d'Anne Hidalgo?", s'interroge également Frédéric Dabi.
Quid des écologistes d'EELV, après leurs bons résultats aux élections européennes les plaçant deuxièmes à Paris (avec près de 20%) ?
"Jamais une campagne écolo n'avait aussi bien commencé", se réjouit leur candidat David Belliard, qui tiendra un meeting à Paris le 24 septembre. Alors que ses voix seront convoitées pour le second tour, M. Belliard tend lui la main à "toutes celles et tous ceux qui veulent porter ce projet avec nous" à les rejoindre derrière eux.
"Comment EELV peut construire un récit de rupture avec la maire de Paris", s'interroge Frédéric Dabi, "quand ils ont été pendant six ans dans la majorité ?"
Reste que chacun des candidats a les yeux rivés sur le premier sondage attendu dimanche, qui permettra d'éclairer sur les rapports de force.
Se voulant au-dessus de l'arène, Anne Hidalgo rendra elle visite à ses soutiens réunis autour de "Paris en Commun" (structure de campagne pilotée par ses proches), avant la publication, le 25 septembre, d'un livre intitulé "Le lieu des possibles".
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