Elle a été propulsée sur le devant de la scène, dès la naissance du mouvement des Gilets jaunes. Ingrid Levavasseur, aide-soignante de l'Eure a porté la parole du mouvement dans les médias, avant de subir en partie leur désamour. En retrait désormais, elle raconte dans un livre, coécrit avec Emmanuelle Anizon, Rester digne, chez Flammarion, les raisons de son combat. Entretien.
Tendance Ouest : Ce n'est pas vraiment un livre politique au sens classique du terme, vous livrez beaucoup de votre vie personnelle. Qu'est-ce que vous vouliez dire avec cet ouvrage ?
Ingrid Levavasseur : "J'ai voulu mettre les choses à plat et expliquer aux citoyens pourquoi je me bats. Je voulais parler à ceux qui n'ont pas compris le mouvement des Gilets jaunes. Effectivement, cela passe par une mise à nue mais j'avais déjà dit beaucoup sur ma personne donc, de toute façon, ce n'était pas une inquiétude de raconter mon parcours."
TO : Vous vous êtes mobilisée dès le début sur le péage d'Heudebouville (Eure) et puis vous être rentrée rapidement dans une spirale médiatique sur les plateaux télé parisiens. Comment l'avez-vous vécu ?
IL : "Je m'étais dit au départ que je n'en serais pas capable. C'était au début une interview banale puis j'ai été appelée pour aller sur le plateau de C Politique. J'ai pensé, 'pourquoi moi, je n'ai rien à dire', et puis j'ai accepté de me prêter au jeu. Il y a eu ensuite une spirale. Dès le lundi, ça s'est enchaîné et ça ne s'est plus arrêté, jusqu'à maintenant."
TO : C'est cette hyper-médiatisation et l'envie de politiser le mouvement qui ont causé le désamour d'une partie des Gilets jaunes...
IL : "Oui, ça a été compliqué à vivre. Pas parce que je n'assumais pas ce que je disais, mais parce qu'on me le reprochait en me disant : tu joues le jeu de Macron, les médias sont corrompus etc. Et puis la politisation qui est refusée et la défiance envers les médias et la politique ont fait qu'il y a eu un désamour, comme vous dites, sur ma personne."
TO : Vous avez pris du recul sur le mouvement, les manifestations continuent, notamment à Rouen. Qu'avez-vous envie de leur dire ?
IL : "Pourvu que ça se passe bien. Malheureusement, j'ai vu qu'il y a de la casse, qui désole les citoyens, qui sont spectateurs. Je comprends les deux côtés. Pour beaucoup de foyers, rien n'a changé. C'est normal qu'il y ait de la colère. De l'autre côté, il y a les commerçants qui subissent et qui ne veulent pas que cela perdure."
TO : Ce n'est plus la solution ces manifestations ?
IL : "Je pense qu'il y a d'autres solutions. On a créé une association, Racines positives, pour les familles monoparentales. Une autre, Éclosion démocratique, où on cherche des solutions. On se présente aussi aux municipales (à Louviers NDLR) pour pouvoir dire : on va intégrer le système. D'autres pensent qu'il faut manifester et casser."
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