Une vingtaine de chefs d'Etat africains, en fonction ou à la retraite, et plusieurs dizaines de milliers de personnes sont attendus dès la matinée dans les gradins du stade national des sports de la capitale, Harare, pour des funérailles en grand apparat.
Robert Mugabe s'est éteint le 6 septembre à 95 ans dans un hôpital de luxe de Singapour où il venait se faire soigner depuis des années.
Contraint à la démission il y a deux ans par un coup de force de l'armée et de son parti, il a laissé derrière lui un pays meurtri par la répression et ruiné par une crise économique sans fin qui a plongé une large part de sa population dans la misère.
"Malgré certains doutes sur ce que certains ont qualifié d'erreurs (...) la position du gouvernement est très claire", a déclaré à l'AFP à la veille des obsèques l'actuel ministre des Affaires étrangères, Sibusiso Moyo, "le défunt président est une icône".
"Il a fait beaucoup de bien, du point de vue du gouvernement il n'est ni plus ni moins qu'un héros national", a-t-il ajouté.
Mais ses louanges sont loin d'être partagées dans les rues de la capitale, Harare, par le Zimbabwéen moyen entièrement accaparé par sa survie quotidienne, entre chômage, inflation à trois chiffres et pénuries de produits de première nécessité.
"Pourquoi être en deuil quand on souffre comme ça ?", a résumé Ozias Puti, 55 ans, un des nombreux vendeurs ambulants qui occupent les rues de la capitale, "il a détruit ce pays".
Enterrement dans un mois
"Les choses étaient bien mieux sous Mugabe", a rétorqué un chômeur nostalgique de 27 ans, Daydream Goba. "Les prix des produits de base étaient plus bas. Maintenant on n'y arrive plus et la police nous chasse quand on essaie de vendre dans les rues".
Clivant tout au long son règne, Robert Mugabe a encore réussi à diviser son pays après sa mort sur la question de son enterrement.
Pendant plusieurs jours, sa famille s'est battue pied à pied pour obtenir qu'il soit inhumé dans son village du district de Zvimba, à une centaine de kilomètres de Harare. Le gouvernement de son successeur, Emmerson Mnangagwa, souhaitait au contraire l'envoyer au "Champ des héros", le Panthéon local.
La querelle a finalement trouvé son épilogue vendredi.
Le "camarade Bob", comme le surnommaient les dirigeants de son parti, sera bien inhumé au monument national d'Harare mais pas avant un mois, le temps de lui construire un mausolée.
"On ne l'enterrera qu'une fois la construction de ce mausolée achevée", a dit le président Emmerson Mnangagwa.
Depuis la chute de Robert Mugabe, les relations de l'ex-président et de sa famille avec M. Mnangagwa, qu'il avait publiquement qualifié de "traître", sont notoirement mauvaises.
En novembre 2017, l'armée avait poussé Robert Mugabe vers la sortie après sa décision de limoger M. Mnangagwa, alors vice-président, sur l'insistance de son épouse Grace Mugabe. La première dame de l'époque convoitait alors de plus en plus ouvertement la succession de son nonagénaire de mari.
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