Dévoilant les conclusions de l'Inspection générale de l'administration (IGA), le ministre de l'Intérieur s'est toutefois refusé à établir un lien entre l'opération de police et la disparition de l'animateur péri-scolaire de 24 ans, dont le corps a été retrouvé fin juillet.
"La vérité est que nul ne peut dire à ce stade, avec certitude, comment il est mort. Je n'exclus rien", a déclaré M. Castaner.
Le rapport de l'IGA présenté par le ministre de l'Intérieur avait été commandé après celui très critiqué de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dévoilé en partie fin juillet.
C'est en se fondant sur ce rapport administratif que le Premier ministre Edouard Philippe avait alors conclu "qu'aucun lien" n'avait pu être établi entre la disparition de M. Caniço et la charge des policiers.
Dans une synthèse de son rapport consultée par l'AFP, l'IGA estime certes que l'intervention policière ce soir-là était "légitime" mais critique "un manque de discernement" de la part du commissaire.
C'est ce manque de discernement qui vaut à ce dernier d'être muté, sur décision de Christophe Castaner, vers "un emploi sans responsabilité de maintien de l'ordre, dans l'attente des conclusions de l'enquête" judiciaire.
Le commissaire sanctionné est "un excellent fonctionnaire, apprécié de sa hiérarchie" qui gère "depuis 5 ans" la Fête de la musique et a été "fortement impacté" par la gestion de 19 week-ends de mobilisation de "gilets jaunes", a précisé Jacques Schneider de l'IGA, organe de contrôle du ministère de l'Intérieur.
D'autres mises en cause
En 2017, le fonctionnaire avait eu à "gérer une fin de dispositif un peu semblable" lors de la Fête de la musique, à savoir un refus de couper le son, selon les enquêteurs de l'IGA. Les policiers à l'époque avaient effectué un "repli tactique" et n'étaient pas intervenus.
Le 21 juin dernier, ils avaient affirmé avoir essuyé des jets de projectile et avaient cette fois riposté en tirant 33 grenades lacrymogènes, 12 balles de défense (LBD) et 10 grenades de désencerclement. Une riposte qui "était justifiée" mais qui "n'est pas apparue disproportionnée", avait estimé l'IGPN.
Pour l'IGA, l'utilisation de moyens de défense "en intensité comparable aux manifestations de +gilets jaunes+" pour une soirée de fête de la musique est la preuve d'un "manque de discernement".
Le commissaire n'est pourtant pas le seul mis en cause dans le rapport de l'IGA qui souligne que "ni le préfet ni ses collaborateurs, ni le sous-préfet de permanence n'ont été informés des incidents dans la nuit", pas plus que la ville de Nantes, selon Jacques Schneider.
"La difficulté pour les services de secours de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP 44) pour répertorier le nombre de personnes ayant chuté (dans la) Loire confirme l'absence de tout pilotage centralisé de la crise", est-il écrit dans la synthèse.
Selon leur calcul, quatre personnes sont tombées avant l'intervention policière, sept pendant et une après. "Ce décompte, n'inclut pas Steve Maia Caniço", précisent les inspecteurs.
"La situation aurait été totalement différente si le neuvième sound system avait coupé le son comme les huit autres. La cause première des violences de la nuit est bien celle-là", estiment aussi les enquêteurs.
Quant à la ville de Nantes et la préfecture, elles "n'ont pas accordé une attention suffisante à la présence de sound system sur le quai Wilson", a rappelé Christophe Castaner.
Réagissant au rapport, Cécile de Oliveira, l'avocate de la famille de Steve Maïa Caniço, a salué que soit reconnu ce "manque de discernement" et a dit espérer que l'enquête judiciaire établira un "lien de causalité" entre la mort du jeune homme et l'opération policière.
De son côté, Samuel Raymond, coordinateur de Freeform, structure nationale qui accompagne l'organisation de rassemblements festifs, a estimé auprès de l'AFP que la mutation du commissaire était "un signe révélateur" d'un "dysfonctionnement évident".
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