Les fouilles menées de juin à août 2019 sur le site du Rozel (Manche) ont été encore plus fructueuses que ces dernières années : 400 empreintes de pas de nos cousins néandertaliens auraient été découvertes. Ces traces sont actuellement en cours d'analyse en laboratoire, afin de déterminer s'il s'agit bien de pas de Néandertal.
Cette étude est longue, et "assez chronophage, puisque chaque empreinte doit être modélisée en 3D" selon Jérémy Duveau, qui mène actuellement une thèse sur les dépenses énergétiques des Néandertaliens, au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il est chargé de l'étude des empreintes depuis 2012 sur le site du Rozel.
Une découverte exceptionnelle
Mais l'équipe d'archéologues et de volontaires n'est pas à ses premières découvertes scientifiques. Depuis 2012, et jusqu'en 2017, le chantier de fouilles mené par Dominique Cliquet et son équipe (DRAC de Normandie – SRA) a répertorié 257 empreintes de pieds datant du paléolithique moyen.
Ces découvertes ont permis d'améliorer la connaissance scientifique sur le bassin de vie de nos cousins néandertaliens, et ont valu l'intérêt de la communauté scientifique américaine, qui a publié le 9 septembre 2019 aux PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America) les recherches récentes sur les empreintes.
"L'originalité du site vient d'une part des empreintes, qui sont extrêmement rares dans les fouilles concernant le monde néandertalien, ainsi que la diversité du matériel utilisé par les chasseurs-cueilleurs" raconte Jérémy Duveau, qui soutiendra sa thèse fin décembre :
Jérémy Duveau explique l'originalité de ce site.
Une empreinte de pied d'adolescent qui vivait il y a 80 000 ans, découverte le 25 juillet 2019 sur le site de fouilles du Rozel. - Marthe Rousseau
Une tribu de 10 à 13 personnes
La dimension des empreintes découvertes les années précédentes a notamment permis d'estimer, "la taille des individus qui les ont laissés, et également la composition des groupes en terme numérique et de classe d'âge" poursuit le thésard. Une majorité d'enfants et d'adolescents composaient ce groupe, l'âge du plus jeune serait estimé à 2 ans.
Retour donc 80 000 ans en arrière. Une tribu de 10 à 13 chasseurs-cueilleurs vivait sur les dunes du Rozel, dans la Manche. Elle serait restée seulement quelques mois, pour satisfaire ses besoins primaires en nourriture et en matières premières "entre le début de l'automne et le début du printemps" selon Jérémy Duveau.
Imaginez que la mer qui gagne aujourd'hui la plage de Sciotot, au sud de Flamanville était retirée à quelques kilomètres, "vers les îles anglo-normandes" et que l'environnement se composait uniquement de bois et de prairies... Pour quelles raisons cette tribu a-t-elle jeté son dévolu sur la côte ouest de la Manche ? Écoutez la réponse de Jérémy Duveau :
Jérémy Duveau décrit l'environnement 80 000 ans en arrière, à proximité de l'actuelle plage de Sciotot.
De nouvelles publications centrées sur le site et le contexte archéologique devraient suivre, ces prochaines années…
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