Le président Emmanuel Macron maintient "toute sa confiance" en M. Ferrand, mis en examen pour "prise illégale d'intérêts" dans l'affaire des Mutuelles de Bretagne, a déclaré sur Europe 1 la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.
C'est "un homme loyal, droit, qui a un parcours politique exemplaire", a-t-elle insisté en demandant de respecter "la présomption d'innocence".
Richard Ferrand a été mis en examen mercredi soir par un juge lillois, après près de quinze heures d'interrogatoire. Il est soupçonné de "prise illégale d'intérêts" après que les Mutuelles de Bretagne, qu'il dirigeait à l'époque, ont décidé en 2011 de louer des locaux commerciaux appartenant à sa compagne. Il conteste toute irrégularité.
Une première enquête lancée en 2017, après des révélations du Canard enchaîné, avait poussé M. Ferrand à quitter le gouvernement après un mois à peine. Elle avait été classée sans suite par le procureur de Brest au bout de quelques mois. Le parquet avait invoqué la prescription pour la prise illégale d'intérêts, et jugé que les infractions d'abus de confiance et d'escroquerie n'étaient pas constituées.
La mise en examen d'un président de l'Assemblée nationale en cours d'exercice est une première. M. Ferrand y a réagi aussitôt en se disant "déterminé à poursuivre (sa) mission" à la tête de l'Assemblée". Il a également assuré "rester serein sur l'issue de la procédure, au regard du classement sans suite de l'ensemble des griefs de la première plainte (...), d'autant plus qu'aucun élément nouveau n'a été versé à ce dossier dans lequel il n'y a ni préjudice ni victime".
"Il n'y a pas de logique politique" à ce qu'il démissionne, a plaidé Sibeth Nidaye, car "un membre du gouvernement est nommé, un parlementaire est élu; quand on est président de l'Assemblée nationale, on est élu deux fois". L'argument a été repris à peu près tel quel par ses collègues Jacqueline Gourault (Cohésion des territoires) et Sébastien Lecornu (Collectivités) dans d'autres interviews.
Pilier de la campagne
L'autre argument le plus mis en avant est de souligner la présomption d'innocence, ainsi de Stanislas Guerini, patron du parti présidentiel LREM: "Gardons-nous de confondre instruction et condamnation. Cette mise en examen est la suite logique d'une procédure ouverte en 2017, dans laquelle il avait déjà bénéficié d'un classement sans suite", a-t-il réagi auprès de l'AFP.
Dans l'opposition, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure et le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan ont appelé à sa démission. La porte-parole des Républicains, Lydia Guirous, a jugé pour sa part sa position "très difficilement tenable sur le court terme".
Son collègue Julien Aubert, lui, "ne demande pas" la démission de M. Ferrand. Il "est présumé innocent", avait réagi dès mercredi soir Sébastien Chenu (Rassemblement national).
La mise en examen de Richard Ferrand est un coup dur pour la majorité, dont trois autres poids lourds, -François Bayrou, Marielle de Sarnez et la nouvelle commissaire européenne Sylvie Goulard- ont été entendus mardi et mercredi dans l'affaire des emplois présumés fictifs des assistants parlementaires MoDem.
En serrant pour l'heure les rangs autour de Richard Ferrand, la macronie veut protéger l'un de ceux qui étaient là au tout début de l'aventure présidentielle d'Emmanuel Macron, et qui conserve un rôle de conseiller éminent.
Cet élu du Finistère âgé de 57 ans, député socialiste de 2012 à 2017, est relativement peu connu du grand public malgré son rang de 4e personnage de l'Etat. Mais il est "le mec le plus important chez les politiques auprès d'Emmanuel", affirmait ces derniers jours à l'AFP un marcheur de la première heure, lui-même pilier de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron: "C'est sans commune mesure avec tous les autres. C'est le plus intelligent, le plus fin et le plus libre. C'est pour ça que ça marche avec Macron."
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