"M. Ferrand est entendu depuis ce matin par les juges d'instruction chargés de l'information judiciaire visant les Mutuelles de Bretagne", a indiqué à l'AFP une source judiciaire, confirmant une information de La Voix du Nord.
Après un premier classement sans suite d'une plainte de l'association Anticor en octobre 2017, "nous assistons à la suite logique de la procédure, avec une audition qui se déroule actuellement à Lille, où le dossier a été dépaysé", a déclaré de son côté à l'AFP son entourage, précisant que M. Ferrand l'abordait "très sereinement".
De même source, on souligne que "la seconde plainte déposée par Anticor, avec constitution de partie civile devant une autre juridiction, puis dépaysée, porte sur le même fondement, pour les mêmes faits, sans éléments nouveaux et par le même plaignant".
L'audition libre du président de l'Assemblée nationale -que l'immunité parlementaire n'empêche pas- pourrait durer tout l'après-midi, voire déborder en soirée, a-t-on appris de source proche du dossier. Devant le tribunal de Lille, les médias étaient présents en nombre, a constaté une journaliste de l'AFP.
L'affaire des Mutuelles de Bretagne avait conduit ce fidèle de la première heure d'Emmanuel Macron à quitter le gouvernement en juin 2017. A peine nommé ministre de la Cohésion des territoires, il avait été épinglé par Le Canard enchaîné qui avait révélé qu'en 2011 les Mutuelles de Bretagne, qu'il dirigeait alors, avaient décidé de louer des locaux commerciaux appartenant à sa compagne. M. Ferrand conteste toute irrégularité.
Le procureur de Brest avait ouvert une enquête préliminaire en juin 2017, classée sans suite en octobre. Il avait alors invoqué la prescription s'agissant d'un éventuel délit de prise illégale d'intérêts et jugé que les infractions d'abus de confiance et d'escroquerie n'étaient "pas constituées".
D'abord président du groupe des députés LREM, Richard Ferrand a pris la succession de François de Rugy à la présidence de l'Assemblée en septembre 2018.
"Évidemment, il peut rester à son poste"
Richard Ferrand avait alors averti à demi-mot qu'il ne démissionnerait pas en cas de mise en examen.
"Le Parlement a son indépendance. Par conséquent, les parlementaires n'ont pas à être dans la main de l'autorité judiciaire", avait-il déclaré en soulignant qu'un "certain nombre de parlementaires mis en examen" continuaient à "exercer leur mandat".
Interrogée mercredi à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a refusé tout "commentaire avant d'avoir connaissance de l'objet de cette convocation".
"Ce rendez-vous aurait dû avoir lieu il y a un an mais M. Ferrand avait réussi à gagner un peu de temps en faisant dépayser son dossier à Lille. On souhaite désormais qu'il s'explique sur les faits qui lui sont reprochés et qui ne sont pas prescrits", a déclaré pour sa part à l'AFP le président d'Anticor, Jean-Christophe Picard.
Plusieurs députés de la majorité lui ont apporté leur soutien. Ainsi, Bruno Bonnell (LREM) "ne doute pas de son honnêteté" et, selon lui, "la vérité sortira sereinement". "Évidemment, il peut rester à son poste", a-t-il assuré.
Une éventuelle mise en examen n'aurait "aucune incidence", a renchéri auprès de l'AFP Alain Tourret (LREM), avocat de profession. Selon lui, il n'existe cependant "aucun cas" de mise en examen d'un président de l'Assemblée.
Richard Ferrand "est présumé innocent" et "quand bien il serait" mis en examen, "il serait toujours présumé innocent", a réagi pour sa part Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national sur BFMTV. "Que la justice fasse son boulot (...) Cette affaire, elle devait forcément un jour ressortir. Elle ressort aujourd'hui. Eh bien, j'allais dire +wait and see+", a-t-il ajouté.
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