Le procès était attendu mais aussi redouté par les familles des 14 victimes de l'incendie du Cuba libre, dans la nuit du 5 au 6 août 2016. Le procès de Nacer et Amirouche Boutrif, propriétaire et gérant de l'établissement rouennais, s'est ouvert lundi 9 septembre 2019 devant le tribunal correctionnel de Rouen (Seine-Maritime).
La douleur des familles
Preuve de la dimension hors-norme de ce procès, il se tient dans la salle réservée habituellement aux assises. Une salle est également réservée aux familles de victimes qui bénéficient du soutien de psychologues et de juristes. "On revit le drame une seconde fois", explique, avec émotion, Rémy Hubert, le père de Zac, le jeune DJ qui officiait au Cuba libre. Les jeunes blessés lors de l'incendie, les familles de victimes et les parties civiles seront d'ailleurs entendus jusqu'au vendredi 13 septembre par le tribunal.
Ce qui a marqué l'ouverture de l'audience, ce sont les travaux effectués dans la cave du bar puisque c'est là que se tenait la soirée d'anniversaire qui a tourné au drame. Nacer Boutrif, est revenu sur l'aménagement de ce sous-sol, à l'époque où il gérait le bar. L'idée est née "vers la fin de 2012", rappelle-t-il en expliquant ne pas avoir fait de déclarations auprès de la mairie : "Je croyais qu'il ne fallait pas en faire." Nacer Boutrif admet ne pas avoir parlé de ses travaux au propriétaire de l'immeuble, craignant que "le contrat de bail soit résilié ou que le loyer augmente". C'est en connaissance de cause que Nacer Boutrif transmet, en 2015, la gérance des lieux à son frère, Amirouche, en lui rappelant que les travaux de la cave n'avaient pas été déclarés.
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Un pompier parle d'une "souricière"
Parmi les chantiers menés dans le cave : la pose d'une mousse phonique sur l'ensemble des murs. "Ce n'est pas possible de mettre ce genre de mousse dans ce type d'établissement", déplore Cédric L., pompier intervenu lors de l'incendie, et invité à témoigner devant le tribunal lors du deuxième jour d'audience. L'homme se souvient d'une "fumée épaisse et opaque au sous-sol". "80 à 90% de la mousse s'est retrouvée en fumée", a-t-il expliqué devant la présidente du tribunal.
Autre question soulevée lors du début du procès : l'issue de secours du sous-sol. "Avec l'issue de secours fermée, c'était clairement un piège", analyse Anthony L., un autre pompier cité parmi les témoins. C'est lui qui a découvert l'existence de cette issue alors que les frères Boutrif avaient nié, la nuit du drame, son existence.
Cette cave était "une souricière" ajoute Anthony L. lors de son témoignage, en se souvenant également de l'étroitesse de l'escalier qui permettait de rejoindre le rez-de-chaussée du bar. Le procès se poursuit jusqu'au mardi 17 septembre 2019.
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