"S'adapter maintenant", plaide l'étude de la "Commission globale sur l'adaptation", créée en 2018 à l'initiative des Pays-Bas, particulièrement exposés aux conséquences du changement climatique, une partie du territoire se trouvant en dessous du niveau de la mer, rejoints par 19 autres pays.
Elle est menée par l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, Bill Gates, fondateur de Microsoft et activiste pour le climat, et Kristalina Georgieva, pressentie pour devenir patronne du FMI.
"Une adaptation bien menée peut apporter une meilleure croissance et du développement (...) sauver des vies, protéger la nature et créer des opportunités", avec un "triple dividende" fait de pertes évitées, de retombées économiques (risques réduits, meilleure productivité, innovation) et bénéfices sociaux et environnementaux, estime le rapport.
Le texte liste ainsi cinq domaines -systèmes d'alerte avancés, adaptation des infrastructures, améliorations agricoles, protection des mangroves, protection des ressources en eau- dans lesquels des investissements de 1.800 milliards génèreraient selon lui "des bénéfices nets de 7.100 milliards".
"Les actions pour ralentir le changement climatique sont prometteuses, mais insuffisantes. Nous devons investir dans un effort massif pour nous adapter à des conditions désormais inévitables: hausse des températures, montée des océans, tempêtes plus fortes, pluviométrie plus imprévisible" résume le rapport.
Et si les conséquences sont mondiales, les populations les plus affectées sont les plus pauvres, avertit le texte.
Selon ce rapport, sans adaptation la progression des rendements agricoles pourrait chuter de 30% d'ici 2050, affectant principalement les petits fermiers.
Le nombre de personnes manquant d'eau au moins un mois dans l'année pourrait passer de 3,6 milliards aujourd'hui à plus de 5 milliards en 2050, la montée du niveau des eaux coûter 1.000 milliards par an, et plus de 100 millions de personnes plonger sous le seuil de pauvreté dans les pays en développement d'ici 2030.
Evoquant le récent ouragan Dorian, qui a notamment dévasté les Bahamas, M. Ban a relevé lors d'une conférence téléphonique que la multiplication de tels phénomènes pouvait donner "un sentiment d'inévitabilité et d'impuissance".
Mais "ce n'est tout simplement pas vrai" et renforcer l'adaptation "fait sens économiquement", peut "sauver des vies, protéger nos communautés (...) et bâtir un avenir meilleur".
"L'adaptation n'est pas une alternative aux efforts redoublés contre le changement climatique, mais un complément essentiel", plaide le rapport, arguant que sans mesures d'adaptation nous nous exposons à "un énorme bilan économique et humain".
"Même si nos ambitions sont atteintes (réchauffement limité à +2°C), ce que nous ne sommes pas en voie de faire, le réchauffement déjà acté va inévitablement avoir des impacts", a déclaré à l'AFP Dominic Molloy, un des auteurs du rapport, alors que le monde à +1°C par rapport à l'ère pré-industrielle subit déjà tempêtes, canicules ou sécheresses.
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