Lundi, cette proche de la chancelière Angela Merkel est déjà quasiment parvenue à remplir l'une de ses promesses, un exécutif européen avec autant de femmes que d'hommes: il en compte respectivement 13 et 14, une première dans l'histoire de cette institution.
Des négociations jusqu'au bout
Restait à répartir les différentes compétences entre les 26 candidats, représentant chacun l'un des pays de l'Union (le Royaume-Uni excepté puisqu'il veut quitter l'UE fin octobre).
Une tâche complexe, qui a entraîné des négociations jusqu'au dernier moment, à l'heure où l'Europe doit relever plusieurs défis: changement climatique, crise migratoire, tensions commerciales provoquées par l'imprévisible Donald Trump et le Brexit.
Pour épauler Mme von der Leyen, qui doit entrer en fonction le 1er novembre pour cinq ans, deux vice-présidents particulièrement puissants, déjà membres de la Commission du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
Le social-démocrate néerlandais, Frans Timmermans, devrait récupérer le portefeuille du Climat, tandis que la libérale danoise, Margrethe Vestager, bête noire de la Silicon Valley, obtiendrait le Numérique, selon plusieurs sources.
Ces deux poids-lourds, qui étaient eux-mêmes candidats à la succession de M. Juncker et donc rivaux de Mme von der Leyen, seront en charge de dossiers prioritaires, au sein d'une Commission très équilibrée politiquement entre la droite et la gauche.
Au total, l'équipe von der Leyen comptera huit anciens de la Team Juncker. Or, une règle non écrite veut qu'un ancien Commissaire ne puisse pas occuper exactement les mêmes fonctions qu'avant.
Parmi eux, l'Irlandais Phil Hogan (PPE, droite comme Mme von der Leyen), actuellement à l'Agriculture, devrait hériter du Commerce, un poste très convoité, tandis que l'Autrichien Johannes Hahn, PPE également, aurait le budget de l'UE après s'être occupé d'élargissement.
Dans le groupe des nouveaux venus, la Française libérale, Sylvie Goulard, ancienne eurodéputée et sous-gouverneure de la Banque de France, devrait obtenir celui du Marché intérieur dont relève la libre circulation des biens et des personnes.
L'Italien social-démocrate modéré, Paolo Gentiloni, ex-Premier ministre, pourrait, selon une source, avoir le portefeuille Economie et Finances, à un moment où Rome, qui doit relancer un pays à l'arrêt, espère plus de souplesse de Bruxelles sur ses finances publiques. Une autre source le pressentait néanmoins à la Concurrence, un poste très recherché.
Grincements de dents
Seule certitude dans ce grand marchandage, où les capitales européennes ont tenté de placer leurs pions: les Affaires étrangères reviendront au socialiste espagnol Josep Borrell. Sa nomination avait été décidée par les chefs d'Etat et de gouvernement européens au même moment que celle de Mme von der Leyen.
Après la présentation mardi de la nouvelle équipe, tous ses membres seront auditionnés par le Parlement européen entre le 30 septembre et le 8 octobre. Par le passé, des prétendants mis sur le gril par les eurodéputés ont été écartés.
Or, dans la nouvelle Commission, certaines désignations ont provoqué des grincements de dents.
Ainsi, Mme Goulard a encore maille à partir avec la justice dans le cadre de l'affaire des emplois fictifs des assistants des eurodéputés du parti centriste français MoDem.
Si son dossier est clos au niveau des services administratifs du Parlement européen, la justice française, ainsi que l'Office européen de lutte antifraude (Olaf), un organisme indépendant, continuent d'enquêter.
L'Olaf examine également le cas du Polonais désigné, Janusz Wojciechowski, pour "irrégularités présumées concernant le remboursement de frais de voyage" quand il était eurodéputé.
Quant à la Roumaine désignée, Rovana Plumb, elle a été accusée d'avoir rédigé une décision gouvernementale au profit d'une compagnie proche de l'ancien homme fort de la gauche de son pays, Liviu Dragnea, incarcéré depuis mai.
Après les auditions, le nouvel exécutif bruxellois doit encore passer le vote d'investiture le 22 octobre, pendant la session plénière à Strasbourg.
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