Londres et Bruxelles ne parviennent pas à s'entendre sur la manière de maintenir ouverte la frontière en Irlande après le Brexit.
Le "filet de sécurité" irlandais "reste un élément essentiel de l'accord de retrait jusqu'à ce qu'une alternative soit trouvée", a souligné M. Varadkar en accueillant Boris Johnson pour des discussions sur le Brexit. "Nous sommes ouverts à des alternatives mais elles doivent être réalistes. (...) Nous n'avons reçu aucune proposition en ce sens à ce jour".
Boris Johnson souhaite délester l'accord de retrait négocié par son prédécesseur Theresa May de cette disposition prévoyant que, faute de meilleure solution à l'issue d'une période transitoire, le Royaume-Uni tout entier reste dans un "territoire douanier unique" avec l'UE. Cela empêcherait selon lui le Royaume-Uni de mener une politique commerciale indépendante.
"Produire des idées"
Le dirigeant britannique s'est montré plus optimiste, assurant que son gouvernement allait "produire des idées". Mais il a aussi réitéré sa détermination à sortir à tout prix du club européen le 31 octobre, sous peine d'infliger un "dommage permanent" dans la confiance des Britanniques envers la démocratie, après le référendum s'étant prononcé à 52% pour le Brexit en 2016.
"Je ne dis pas que nous pouvons tout faire aujourd'hui, mais je pense qu'un accord peut être trouvé d'ici au 18 octobre" lors du Conseil européen, a-t-il déclaré.
Boris Johnson s'oppose farouchement à tout nouveau délai du Brexit, initialement prévu le 29 mars et déjà reporté deux fois. Pour mener à bien sa stratégie sur le Brexit, le dirigeant désormais privé de majorité parlementaire veut convaincre lundi les députés très réticents de voter pour des élections anticipées, après une série de revers au Parlement qui ont contrarié sa volonté de quitter l'UE même sans accord de divorce.
Il risque fort de faire chou blanc. Il est peu probable qu'il recueille la majorité des deux tiers nécessaire pour convoquer un scrutin, qu'il souhaite organiser le 15 octobre, lorsque les députés se prononceront tard dans la soirée avant une suspension cette semaine du Parlement jusqu'au 14 octobre.
L'opposition préfère d'abord s'assurer qu'un "no deal" ne survienne pas, car un tel scénario entraînerait le rétablissement de droits douaniers et pourrait créer des pénuries d'aliments ou de médicaments.
Malgré les dénégations de l'exécutif, elle craint en effet que Boris Johnson ne fasse fi de la loi votée la semaine dernière avec le soutien de députés conservateurs rebelles, l'obligeant à solliciter auprès de Bruxelles un report de trois mois du Brexit s'il n'obtient pas d'accord de sortie d'ici le 19 octobre. Cette position le mettrait toutefois dans l'illégalité, selon des experts.
Le texte doit recevoir lundi l'approbation de la reine, dernière étape nécessaire à son entrée en vigueur.
"Non" français
Des élections permettraient à Boris Johnson de se relancer, mal en point depuis l'exclusion inédite du Parti conservateur, dont il est le chef, de 21 députés rebelles et la défection d'un autre pour les Libéraux-démocrates.
Samedi, il a subi un nouveau camouflet avec la démission d'un poids lourd de son gouvernement, l'europhile ministre du Travail Amber Rudd, après celle de son propre frère, Jo Johnson, au nom de l'"intérêt national".
Ces revers ne semblent pas se traduire dans les urnes. Selon un sondage YouGov paru dans le Sunday Times, les Tories arriveraient en tête, avec 35% des voix, 14 points d'avance sur le Labour. D'autres sondages récents montrent un écart plus resserré entre les deux partis, mais toujours avec le Parti conservateur en tête.
Tout nouveau délai devra encore être approuvé à l'unanimité des 27 autres Etats membres de l'UE, et la France ne semble pour l'instant pas convaincue. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, a prévenu que dans les "circonstances actuelles", ce serait "non".
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