Aux grands maux, les grands remèdes ? Après deux séries d'annonces, mi-juin puis début septembre, Mme Buzyn présentera lundi après-midi son "plan d'actions" pour la "refondation des urgences", inspiré des propositions du député (LREM) de Charente, Thomas Mesnier, et du chef du Samu de Paris, Pierre Carli.
La ministre a promis dimanche "un budget dédié pour régler la crise" en cours dans la moitié des services d'urgences publics.
Mieux encore: "Je vais mettre de l'argent dans des solutions pérennes, restructurantes, qui vont régler le problème des urgences sur le long terme", a-t-elle affirmé.
Selon le Journal du dimanche, "trois mesures choc sont en préparation", avec "des réouvertures de lits", une "réforme de la tarification" et un "numéro de téléphone unique" pour les secours médicaux.
La primeur de ce plan sera réservée aux représentants des personnels et dirigeants hospitaliers, que Mme Buzyn recevra à 15H00, ainsi que les syndicats de médecins libéraux et le collectif Inter-Urgences, à l'origine de ce mouvement social inédit.
Selon cette association de paramédicaux, 249 sites étaient en grève vendredi - tout en continuant d'assurer les soins. De son côté, le ministère en avait recensé 195 mi-août, seul pointage rendu public à ce jour. Si ce nombre sonne comme une reconnaissance de l'ampleur de la crise débutée mi-mars, il dit aussi l'insuffisance des premières réponses apportées avant l'été.
Malgré la prime mensuelle de 100 euros net versée dès juillet et les 15 millions d'euros débloqués pour recruter des renforts saisonniers, la grogne n'a cessé de s'étendre.
"La prime Buzyn a eu l'effet inverse de celui escompté: elle a montré que c'était possible", explique Hugo Huon, président du collectif Inter-Urgences, dans un entretien au Journal du dimanche.
Sur le terrain, "les gens ont la rage, ils sont désespérés", ajoute cet infirmier de l'hôpital Lariboisière, à Paris.
"Ouvrir les vannes"
Obligée de revoir son dosage, Mme Buzyn a dévoilé en début de semaine une deuxième salve de mesures "remontées du terrain", comme "l'admission directe" des personnes âgées sans passer par les urgences, la "vidéo-assistance" entre les Ehpad et les régulateurs du Samu, ou encore l'envoi d'une ambulance vers un médecin libéral pour les cas les moins graves.
Une panoplie censée limiter l'afflux de patients dans des services déjà saturés, dont la fréquentation a plus que doublé en vingt ans, atteignant 21,4 millions de passages en 2017.
Mais la ministre n'a pas chiffré le coût de ses promesses, ni satisfait les revendications des grévistes, qui réclament davantage de postes et de lits dans les hôpitaux.
Le "plan d'actions" qui sera détaillé lundi aura donc des airs de plan de la dernière chance pour sortir du conflit.
D'autant plus que "l'assemblée générale nationale" du collectif Inter-Urgences se tiendra mardi à partir de 12H00 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), afin notamment de définir "un calendrier d'action".
"On réfléchit à de nouveaux arrêts maladie groupés", prévient M. Huon, qui estime que sans ce type d'électrochoc au printemps, Mme Buzyn "n'aurait pas bougé".
A présent, "il faudrait qu'elle mette beaucoup d'argent sur la table, que Bercy ouvre les vannes", ajoute-t-il.
L'événement a reçu le soutien de plusieurs syndicats et associations de médecins hospitaliers, invitant les praticiens "à rejoindre la mobilisation" pour "mettre fin aux restrictions budgétaires pour l'hôpital public".
Un mot d'ordre semblable à celui de la CGT, qui tente depuis des mois d'élargir le mouvement à tout le secteur sanitaire et social, notamment la psychiatrie et les Ehpad.
Son appel à une "grande journée d'action nationale" mercredi, avec une manifestation parisienne à 13H00 depuis la place d'Italie jusqu'au ministère de la Santé, n'a cependant pas trouvé d'écho parmi les autres syndicats.
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