"Je ne peux pas rester alors que des bons, loyaux conservateurs modérés sont exclus", a déclaré dans un communiqué la ministre et députée, en référence à l'exclusion du Parti conservateur de 21 députés qui ont voté cette semaine avec l'opposition une proposition de loi destinée à éviter un Brexit sans accord.
Amber Rudd, 56 ans, quitte à la fois le gouvernement, dont elle était un poids lourd, et le Parti conservateur, critiquant très vertement la stratégie du Premier ministre dans une lettre postée sur Twitter.
Elle qui avait voté pour rester dans l'Union européenne lors du référendum de juin 2016 estime que l"objectif principal" du gouvernement n'est plus d'obtenir un accord de sortie avec l'Union européenne.
"Le gouvernement consacre beaucoup d'énergie à se préparer à un +no deal+ mais je n'ai pas vu le même degré d'intensité dans nos discussions avec l'Union européenne", dénonce-t-elle.
C'est un nouveau coup dur pour le chef du gouvernement, qui n'a plus de majorité au Parlement et dont la stratégie sur le Brexit a été court-circuitée par le Parlement. Les députés puis les Lords ont adopté cette semaine une proposition de loi qui le contraint à repousser de trois mois la date du Brexit, prévu le 31 octobre, s'il ne trouve pas un accord de divorce avec l'Union européenne d'ici le 19 octobre, soit juste après le prochain conseil européen.
Le texte doit recevoir l'accord de la reine Elizabeth II, dès lundi, pour devenir loi.
Un nouveau report du Brexit, initialement prévu le 29 mars et repoussé deux fois, nécessitera l'approbation à l'unanimité des 27 autres Etats membres de l'UE.
Cependant, Boris Johnson s'oppose fermement à tout nouveau report du Brexit.
"Dernière chance"
Dans une déclaration aux tabloïds Mail on Sunday et Sunday Express, il accuse "un groupe de députés, dirigé par Jeremy Corbyn", le chef du Labour, principal parti d'opposition, de vouloir "bloquer le Brexit" et "forcer ce pays à accepter encore plus de tergiversations et de retards".
"Je refuse d'accepter ce report inutile de Corbyn", prévient-il.
Boris Johnson compte donner une "dernière chance" lundi à l'opposition de voter en faveur d'élections anticipées mais si c'est un échec, le gouvernement "continuera simplement".
Selon le Sunday Times, Boris Johnson est prêt à mener bataille devant la cour suprême pour déterminer s'il peut ignorer cette loi lui imposant un report du Brexit.
Le gouvernement a déjà tenté cette semaine de faire approuver la tenue d'élections anticipées par les députés mais ceux-ci ont rejeté cette option.
La deuxième tentative prévue lundi ne semble pas mieux partie. La co-dirigeante des Verts, Sian Berry a déclaré samedi à la BBC que les partis d'opposition étaient "absolument unis" dans leur refus d'approuver des élections anticipées jusqu'à ce que le risque d'un Brexit sans accord soit éloigné.
L'opposition se renseigne sur les conséquences d'un éventuel passage en force de Boris Johnson.
Selon l'avis d'avocats de premier plan destiné au Labour et consulté par le magazine The Observer, Boris Johnson s'exposerait à une série de sanctions.
L'un des avocats consultés, Philippe Sands, a expliqué que l'ancien ministre des Affaires étrangères pourrait même se retrouver en prison s'il ne respectait pas la volonté du Parlement. "Il se pliera (à la loi) ou démissionnera", a déclaré Me Sands.
"Alors que ce gouvernement se délite, la nécessité et l'urgence d'arrêter le Brexit ne peuvent être plus claires - il nous faut un vote populaire avec l'option de rester (dans l'UE)", plaide de son côté Jo Swinson, cheffe du parti libéral démocrate. Son parti a accueilli trois nouveaux députés cette semaines, dont Phillip Lee, qui avait quitté les rangs du Parti conservateur.
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