"Merci de m'avoir fait confiance avec ton talent fou", a déclaré en recevant son prix le réalisateur Todd Phillips, surtout connu jusqu'ici pour ses comédies, dont la trilogie à succès "Very bad trip", à l'adresse de son acteur Joaquin Phoenix.
Il souligné que son comédien, impressionnant et inquiétant dans ce rôle d'homme torturé et malade, maltraité par la vie, était "le lion le plus féroce, le plus courageux et le plus ouvert d'esprit qu'il connaisse".
"Joker", qui succède à "Roma" du Mexicain Alfonso Cuarón et était l'un des favoris de la presse, est centré sur la figure de ce méchant emblématique des comic books et du cinéma, pour mieux comprendre comment cet homme mal aimé a pu basculer dans la folie, s'efforçant de donner une nouvelle approche au genre du film de super-héros.
"Qu'une industrie comme celle des Etats-Unis prenne le risque de réaliser +Joker+ est courageux. C'est une réflexion sur les héros et les anti-héros", a déclaré la présidente du jury, la réalisatrice argentine Lucrecia Martel, lors d'une conférence de presse.
Le Grand Prix du jury, deuxième récompense la plus importante de la Mostra, est revenu au "J'accuse" de Roman Polanski, qui raconte l'Affaire Dreyfus, scandale antisémiste majeur de la fin du XIXe siècle en France, du point de vue du lieutenant-colonel Georges Picquart, qui avait réhabilité le capitaine injustement condamné pour ds faits d'espionnage fabriqués de toute pièce.
Récompensé déjà samedi par le prix Fipresci de la critique internationale à Venise, "J'accuse" avait convaincu une bonne partie de la presse, occupant la première place du classement d'un panel de journalistes internationaux et italien publié pendant le festival.
Mais le film avait fait polémique avant même le début du festival, des féministes ayant regretté sa sélection en compétition, en raison des poursuites contre le réalisateur aux États-Unis pour le viol d'une mineure en 1977. Le réalisateur avait fait le parallèle entre l'histoire de son film et sa propre vie, s'estimant lui aussi "persécuté".
Ariane Ascaride et les migrants
La présidente du jury avait suscité une nouvelle controverse au premier jour du festival en affirmant qu'"elle ne séparait pas l'homme de l'oeuvre" et se disant "très gênée" par sa présence en compétition, avant de revenir sur ses propos, en disant qu'elle n'y était "en aucune façon opposée".
"Un auteur est un être humain. Le pire que l'on puisse faire à une personne est de la séparer de son œuvre. Ca n'est pas possible", a-t-elle réaffirmé samedi après le palmarès, soulignant par ailleurs qu'il n'y "avait pas eu d'unanimité" dans le jury pour l'ensemble du palmarès.
C'est la femme de Roman Polanski, l'actrice française Emmanuelle Seigner, qui est venue chercher son prix, se contentant de "remercier le jury" et de dire que le cinéaste franco-polonais de 86 ans voulait "remercier ses producteurs" et "tous ses acteurs et son équipe technique".
La Coupe Volpi de la meilleure interprète féminine est de son côté allée à la Française Ariane Ascaride, pour "Gloria Mundi" de Robert Guédiguian.
Rappelant qu'elle était descendante d'immigrés italiens, venus en France pour "fuir la misère", l'actrice française, connue pour son engagement politique, a dédié son prix aux migrants morts en mer, évoquant avec émotion "ceux qui vivent pour l'éternité au fond de la Méditerranée".
Le prix d'interprétation masculine est revenu à l'acteur italien Luca Marinelli pour son rôle dans "Martin Eden", adaptation du roman de Jack London signée Pietro Marcello. L'acteur italien a, lui, dédié son prix à "toutes les personnes qui sauvent des gens en mer".
Le prix de la mise en scène est allé au Suédois Roy Andersson pour "About Endlessness", et celui du scénario au Hongkongais Yonfan.
En recevant son prix, ce dernier a dit espérer que la situation dans l'ex-colonie britannique "revienne à la normale" pour que les habitants puissent "se sentir libres à nouveau".
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