La République islamique a cependant souligné qu'elle continuerait à autoriser le même accès aux inspecteurs onusiens chargés de surveiller son programme nucléaire, avant une visite à Téhéran du directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Cornel Feruta.
Le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Behrouz Kamalvandi, a détaillé samedi les mesures de la nouvelle phase du plan de réduction des engagements pris par Téhéran en vertu de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.
Cette nouvelle étape est la troisième de la stratégie mise en oeuvre par l'Iran depuis mai en représailles à la décision prise un an plus tôt par les Etats-Unis de dénoncer unilatéralement cet accord.
Le président iranien Hassan Rohani avait lancé mercredi la troisième phase de ce plan en ordonnant de faire sauter toute limite à la recherche et au développement dans le domaine nucléaire.
M. Kamalvandi a indiqué samedi devant la presse que 20 centrifugeuses de type IR-4 et 20 autres de type IR-6 avaient été mises en route vendredi, alors que l'accord de Vienne n'autorise Téhéran à produire de l'uranium enrichi qu'avec des centrifugeuses de première génération (IR-1).
Ces centrifugeuses de quatrième et sixième génération, "tout en étant utilisées à des fins de recherche et de développement, contribueront à augmenter le stock" d'uranium enrichi, a déclaré M. Kamalvandi.
"Transparence"
"La capacité de ces machines est plusieurs fois supérieure à celle" des anciennes centrifugeuses, a-t-il rappelé.
M. Kamalvandi a néanmoins insisté sur le fait que l'Iran comptait maintenir le même degré de "transparence" sur ses activités.
Selon l'AIEA, l'Iran a accepté par l'accord de Vienne de se soumettre au régime d'inspection le plus strict jamais conçu par cette agence onusienne, et c'est un des éléments clef de ce pacte conclu entre la République islamique et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne).
"En ce qui concerne la surveillance et l'accès de l'AIEA [...] les engagements [de l'Iran] seront honorés comme avant", a déclaré M. Kamalvandi.
Les nouvelles centrifugeuses doivent accélérer la production d'uranium enrichi et augmenter les stocks du pays, qui depuis juillet dépassent la limite (300 kg) fixée par l'accord de Vienne.
Ce pacte est menacé depuis que le président américain Donald Trump l'a dénoncé en mai 2018.
Washington a depuis lors rétabli des sanctions économiques contre Téhéran, qu'elle ne cesse d'intensifier, au nom d'une politique de "pression maximale", destinée à contraindre Téhéran à négocier un nouvel accord, qui, selon M. Trump, offrirait de meilleurs garanties.
Le rétablissement des sanctions américaines prive l'Iran des retombées économiques qu'il attendait de l'accord.
Ce texte prévoit en effet la levée d'une partie des sanctions internationales qui isolaient l'Iran depuis des années en échange d'une limitation drastique de son programme nucléaire, pour l'empêcher de se doter de l'arme atomique.
"Rôle clé"
En réduisant ses engagements, Téhéran - qui a toujours nié vouloir la bombe nucléaire - entend faire pression sur les autres Etats parties à l'accord pour qu'ils l'aident à contourner les sanctions américaines et, en premier lieu, à exporter son pétrole.
Depuis mai, Téhéran a augmenté ses stocks d'uranium enrichi au-delà de la limite fixée par l'accord, et enrichit désormais ce minerai à 4,5%, niveau supérieur au plafond fixé (3,67%), mais très loin du seuil requis pour une utilisation militaire.
M. Kamalvandi a indiqué samedi que l'Iran n'avait pas pour l'instant l'intention de porter ses activités d'enrichissement à un taux supérieur à 4,5%.
"Actuellement, nous n'avons pas besoin d'enrichir à 20%, et si le besoin se présente à un moment donné, nous commencerons par augmenter notre stock [d'uranium enrichi à] 4,5%", a-t-il dit.
Vendredi, le chef de la diplomatie américain, Mike Pompeo, a jugé "inacceptable" la nouvelle réduction des engagements annoncée par Téhéran. Mercredi, l'UE avait appelé l'Iran à "faire machine arrière".
Emmenés par la France, les trois pays européens parties à l'accord redoublent d'efforts diplomatiques pour sauver ce texte d'une désintégration complète, et désamorcer la tension entre Iran et Etats-Unis, qui a failli tourner à l'affrontement militaire en juin et reste très forte.
Mais le projet, discuté ces derniers jours d'une ligne de crédit de 13,5 milliards d'euros qui serait accordée à l'Iran pour permettre son retour à une pleine application de l'accord, bute sur le refus de Washington d'alléger les sanctions.
Attendu samedi soir à Téhéran, le patron par intérim de l'AIEA, Cornel Feruta, devrait rencontrer dimanche le président de l'OIEA, Ali Akbar Saléhi, et le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif.
La Commission européenne a insisté sur le "rôle clé" de l'AIEA dans le contrôle des activités nucléaires iraniennes.
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