L'Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, attire des millions d'immigrés africains à la recherche d'une vie meilleure. Mais le pays se débat avec un fort taux de chômage (29%) et d'énormes disparités sociales et économiques, qui alimentent régulièrement un sentiment xénophobe dans la nation "arc-en-ciel" rêvée par l'ancien président Nelson Mandela.
Signe de la gravité de la situation, Cyril Ramaphosa a pris la parole jeudi soir dans une intervention radiotélévisée à la nation. "Nous savons qu'au moins 10 personnes ont été tuées dans ces violences, une d'entre elles est étrangère", a-t-il déclaré, sans préciser la nationalité.
Ce sont les pires émeutes xénophobes en Afrique du Sud depuis 2008 quand 62 personnes avaient été tuées dans des circonstances similaires.
"Des familles ont été traumatisées. Des vies ont été détruites", a ajouté le président Ramaphosa, jugeant "injustifiables" la xénophobie.
Depuis dimanche soir, des dizaines de commerces, appartenant principalement à des étrangers, ont été vandalisés et brûlés dans la région de Johannesburg, la principale ville du pays, et dans la capitale Pretoria. Plus de 400 personnes ont été interpellées.
La situation rentrait progressivement dans l'ordre jeudi, a confirmé le chef de l'Etat. "Les violences ont fortement diminué (...). Le temps du calme est venu", a-t-il estimé.
Sur le front diplomatique, l'heure était également à l'apaisement.
Le Nigeria, théâtre de violences contre les intérêts sud-africains, en représailles aux attaques xénophobes, a annoncé sa volonté de trouver une solution, après des jours de tensions entre les deux grandes puissances économiques du continent.
"Le Nigeria ne cherche pas à exacerber les tensions", a assuré un conseiller de la présidence nigériane. "Nous allons travailler, entre frères, avec l'Afrique du Sud, pour trouver des solutions à leurs problèmes, qui sont devenus aussi les nôtres", a-t-il ajouté jeudi.
Des déclarations qui contrastent avec la veille, quand Abuja avait décidé de boycotter le Forum économique mondial Afrique, qui se tient cette semaine au Cap, la capitale parlementaire sud-africaine.
Jeudi matin, Pretoria avait annoncé la fermeture "temporaire" de ses missions diplomatiques au Nigeria, à la suite de "menaces".
Match annulé
En Afrique du Sud jeudi, la police a encore renforcé ses effectifs pour tenter de mettre un terme définitif aux violences xénophobes.
"Le seul endroit où un groupe nous donne beaucoup de soucis est Katlehong", un township à une trentaine de kilomètres de Johannesburg, a déclaré le responsable de la région, David Makhura.
La police y a dispersé jeudi, à coups de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes, des manifestants armés de pierres.
Le président Ramaphosa a par ailleurs dénoncé la diffusion de "fausses vidéos, photos et messages (...) qui provoquent la panique et mettent la vie de personnes en danger".
Le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama, a également tenté de calmer le jeu, en précisant qu'"aucun Nigérian n'avait été tué pendant cette crise".
"Il y a beaucoup d'histoires qui tournent sur des Nigérians qui ont été tués, qui sautent de bâtiments et qui sont brûlés. Ce n'est pas le cas", a-t-il insisté. "Ce que l'on sait est que des magasins appartenant à des Nigérians ont été pillés."
D'autres personnalités africaines ont appelé à l'apaisement, comme le président sénégalais Macky Sall ou encore le milliardaire nigérian Aliko Dangote qui a demandé de rejeter "la haine et toute forme d'attaque violente sur nos frères africains".
En dépit de ces déclarations, la colère et l'inquiétude ont continué à s'exprimer jeudi dans plusieurs pays africains.
En République démocratique du Congo, le consulat d'Afrique du Sud et un magasin d'une enseigne sud-africaine ont été attaqués à Lubumbashi (sud-est), la deuxième ville du pays.
L'équipe malgache de football a annoncé l'annulation du match amical prévu samedi en Afrique du Sud, compte tenu des inquiétudes sur "la sécurité de la délégation de Madagascar".
burs-bed/jpc
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