Ce texte qui devait permettre d'envoyer des suspects en Chine fut le déclencheur en juin de la mobilisation sans précédent dans l'ex-colonie britannique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
Mais le refus pendant de longues semaines du gouvernement semi-autonome de transiger a eu pour conséquence de durcir le mouvement dans ses modes d'actions, parfois violents, et d'élargir considérablement ses revendications, notamment à la demande de réformes démocratiques.
Mercredi soir, Mme Lam avait diffusé un message vidéo dans lequel elle annonçait le retrait en octobre, à la rentrée parlementaire, du projet de loi, ce qui était une des cinq demandes clés des manifestants.
"Mettre un terme au chaos"
Après s'être retranchée pendant des mois dans une attitude de fermeté à l'égard de la mobilisation populaire, la dirigeante a de nouveau adopté un ton conciliant, jeudi lors d'une conférence de presse, en expliquant que le retrait du texte était une tentative "d'aider à empêcher les violences et de mettre un terme au chaos au plus vite, de rétablir l'ordre social et d'aider notre économie à avancer."
"Il est évident pour beaucoup d'entre nous que le mécontentement au sein de la société va bien au-delà du projet de loi", a-t-elle ajouté, en reconnaissant que la colère à l'égard des inégalités et du gouvernement avait enflé et qu'il fallait y répondre.
Elle a de nouveau appelé les manifestants à participer à un dialogue avec son administration, et a exhorté les modérés à se désolidariser avec la frange radicale impliquée dans des affrontements de plus en plus violents avec les forces de l'ordre.
Mais rien ne permet de penser que cette concession tardive n'apaise une contestation qui se caractérise notamment par son absence de leaders, et par le fait qu'elle ait ralliée à elle des pans très divers de la société hongkongaise.
Force est de constater que la reculade de Mme Lam a été accueillie avec scepticisme par les manifestants.
"Si Carrie Lam avait retiré le projet de loi il y a deux mois, cela aurait peut-être été une solution rapide", a déclaré une manifestante masquée sous couvert de l'anonymat mercredi soir, lors d'une "conférence de presse citoyenne".
Action samedi à l'aéroport
"Mais mettre un pansement des mois plus tard sur la de la chair en putréfaction ne la soignera pas."
De nombreux appels à l'action ont été postés sur des forums utilisés par les manifestants. Certains préconisent notamment samedi de perturber les moyens de transport desservant l'aéroport de Hong Kong, qui est le huitième aéroport international le plus fréquenté au monde.
Des députés pro-démocratie ont également rejeté la concession de Mme Lam, et même des figures du propre camp de la cheffe de l'exécutif ont considéré que ce retrait ne suffirait pas à apaiser la colère populaire.
Outre l'abandon officiel du projet de loi, et non sa seule suspension qui avait été décidée en juin, les manifestants ont quatre demandes fondamentales: une enquête sur le comportement de la police, une amnistie pour les protestataires arrêtés, la fin de l'emploi du mot "émeutiers" pour qualifier les manifestants et l'instauration du suffrage universel direct.
Ce dernier point constitue une ligne rouge pour Pékin.
Mme Lam a jusqu'à présent refusé d'accéder à ces quatre demandes, quand bien même certains disent qu'une enquête indépendante sur les violences policières pourrait suffire à retirer à la mobilisation sa composante la plus modérée.
Jeudi, Mme Lam, qui a été désignée par Pékin, a affirmé que le retrait du projet de loi était sa décision et qu'elle n'avait reçu aucune consigne de la Chine. Elle a cependant ajouté que le gouvernement central l'approuvait.
En vertu du principe "Un pays, deux systèmes" qui avait présidé à la rétrocession, Hong Kong jouit d'une très large autonomie. Mais les manifestants ont le sentiment d'ingérences de plus en plus grandes de Pékin dans les affaires de la région.
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